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la fameuse digue, dont à mer basse on aperçoit toujours les fondations largement étalées et formant un fond d’enrochemens. Il s’évase un peu à la suite, traverse l’avant-port, passe entre les deux tours de la Chaîne et de Saint-Nicolas et débouche dans le havre d’échouage. Le havre, l’avant-port et le chenal, toujours menacés d’envasement, sont régulièrement approfondis par une écluse de chasse qui y lance les eaux d’un bassin de retenue en communication avec le canal de navigation de Marennes à Marans. Le port se compose de deux bassins à flot, l’un extérieur de 3 hectares, l’autre intérieur de 1 hect. 50, en communication, le premier avec l’avant-port, le second avec le havre d’échouage, tous deux bordés de quais couverts de rails et reliés au réseau des chemins de fer de l’Etat. Un gril de carénage au fond du havre d’échouage et un vaste chantier de construction dans l’avant-port, au pied de la tour de la Lanterne, complètent ces installations. Malgré que la profondeur soit, comme nous l’avons dit, insuffisante pour recevoir les gros navires et que l’on soit en lutte continuelle contre les envasemens, le port présente toujours une grande activité, 400 000 tonnes en bloc, dont presque tout, — 350 000 environ, — à l’importation, comprenant surtout des houilles anglaises, des minerais et des vins d’Espagne, des bois du Nord et du Canada, des grains et des fers ; à l’exportation, quelques sels, des bois de pin pour mines, des eaux-de-vie et des vins[1].

L’ambition commerciale de la Rochelle est de renouer les grandes traditions de son passé, de reprendre ses anciennes relations avec l’Amérique, de recevoir, en un mot, les transatlantiques. Mais on recouvre difficilement ce que l’on a perdu. La Rochelle a cherché courageusement à tourner la difficulté. Ce que le port actuel ne permettrait d’obtenir qu’au prix de travaux très dispendieux, du bouleversement complet des ouvrages existans et de chasses puissantes, dont les effets seraient d’ailleurs forcément limités, on a cherché à le réaliser en creusant tout d’une pièce un nouveau port à la Pallice, à 5 kilomètres à peine à l’Ouest de la Rochelle. La rade de la Pallice présente des conditions hydrographiques et nautiques exceptionnellement favorables. Elle est abritée contre la mer du large par trois grands brise-lames

  1. De Beaucé et Thurninger, Port de la Rochelle (Ports maritimes de la France, t. VI, 1887). Ministère des Travaux publics.