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La Loire ne présente un sérieux mouvement commercial que dans sa partie maritime, et ce mouvement remonte très certainement au-delà de l’origine même de notre ère ; mais, à cette époque, la situation des lieux était bien différente de celle que nous voyons aujourd’hui. La Loire maritime commence naturellement au point où le flot de marée vient rencontrer et soutenir en quelque sorte le courant fluvial ; c’est à peu près à Mauves, à 15 kilomètres environ en amont de Nantes. En réalité et pratiquement, c’est à Nantes même que la marée intervient sérieusement. C’est là que se trouvait le port des Namnètes, une des petites peuplades de la grande tribu des Vénètes, qui occupait presque tout le Sud de la vieille Armorique. Son origine se perd un peu dans la nuit des temps. Le petit groupe marin des Namnètes a d’ailleurs donné son nom à la ville et au port, portus Namnetum, Nantes. C’est ainsi qu’on peut le lire sur la carte de Peutinger. Au ier siècle, ce n’était pas un chef-lieu de cité, civitas, mais un simple bourg maritime, vicus portensis ; et c’est sous cette rubrique qu’il nous est donné par trois inscriptions fort importantes, connues de tous les épigraphistes et de tous les géographes, et conservées précieusement au musée archéologique de Nantes, l’une d’elles particulièrement intéressante parce qu’elle mentionne à la fois le port et les nautoniers de la Loire[1]. Ptolémée, de son côté, le désigne sous le nom hybride de Condavicum, dans lequel on trouve à la fois la mention d’un bourg, vicus, et celle d’un confluent, condate[2]. Nantes est en effet établi tout à fait à la rencontre de l’Erdre et de la Loire ; et ce nom double semble indiquer que la ville se composait de deux quartiers distincts, l’un en bas sur la rive du fleuve, l’autre un peu sur la hauteur où l’on a retrouvé d’assez nombreux débris de l’époque celtique ; disposition analogue à celle de Lyon, qui comprenait même trois villes bien nettement définies : la première, la ville romaine, patricienne et impériale, étagée sur le coteau de Saint-Just ; la seconde, dont le centre était le quartier moderne des Terreaux, qui était la ville religieuse et sacerdotale des soixante cités de la Gaule Chevelue et où se trouvait le célèbre autel de Rome et d’Auguste ; la troisième enfin, la ville cosmopolite et

  1. Léon Renier, Itia. rom. de la Gaule (Ann. de la Soc. des Antiq. de France, 1848).
  2. Ναμνῆται ὦν πόλις Κονδηούιηϰον. Ptol., Geog., II, VII, 9.