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un ou deux autres grands bassins communiquant tous entre eux et s’étendant jusqu’à l’étier de Méan, et d’ouvrir une seconde grande entrée, orientée directement du Nord au Sud, dans l’alignement des premiers bassins, en transformant la rue du Port en un large chenal. Mais dès maintenant Saint-Nazaire possède une des installations les plus belles et les mieux ordonnées de notre littoral de l’Océan. En quelques années, un modeste hameau de pêcheurs est devenu presque une grande ville ; et nulle part en France on n’a vu se produire un plus rapide épanouissement. Le tonnage du port était presque nul il y a près d’un demi-siècle ; il dépasse aujourd’hui un million et demi de tonnes ; il tend à augmenter tous les jours.

Les travaux de creusement des bassins de Saint-Nazaire et de Penhouët, les fouilles et les sondages préliminaires qu’on a descendus à près de 30 mètres de profondeur, ont donné lieu aux plus intéressantes découvertes. On a pu mesurer et classer chronologiquement les dépôts successifs des alluvions de la Loire. Ces dépôts se sont superposés depuis l’origine la plus reculée des temps historiques ; et on dirait de véritables feuillets dans lesquels on peut en quelque sorte lire, comme dans un livre, l’histoire du passé le plus lointain. Des épaves et des débris de toutes les industries humaines devaient naturellement avoir été laissés et se retrouver dans chaque couche contemporaine des générations qui l’ont vue se déposer. C’est ce qui a eu lieu en effet ; et, en creusant le bassin de Penhouët, on a découvert successivement dans les différentes assises du sous-sol des médailles, des bijoux, des poteries, des épées en bronze, des pierres de mouillage remplaçant pour les anciens navires l’ancre moderne, des haches en pierre et en silex, des outils en os, des andouillers de cerf, des ossemens du bos primigenius et du bos longifrons, de chevreuil et de sanglier, des crânes de forme allongée ou dolycocéphales, caractérisant les différentes couches qui leur servaient de lit. Le savant ingénieur de Saint-Nazaire a en outre constaté que les dépôts de la Loire s’étaient effectués dans l’anse de Penhouët avec une régularité parfaite.[1]. Il ne saurait d’ailleurs en être autrement, les inondations du fleuve, à part quelques déluges accidentels, ayant lieu chaque année à peu près aux mêmes époques et dans des conditions presque identiques. La glaise en suspension se

  1. René Kerviler, op. cit.