Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 157.djvu/724

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des changemens de personnes, des chasses-croisés sur les listes : te ! qui venait auparavant en tête arrivant à présent en queue ; celui-ci, qui a tout à fait cessé de plaire et qui est éliminé par cet autre qui plaît mieux ; le tout sous l’influence d’une multitude de petites causes ou de petites circonstances dont le plus souvent la juste appréciation échappe et dont le plus souvent on ne donne qu’une explication fausse. Mais, en somme, et pour ne point chercher dans le scrutin ce qui n’y est pas, il apparaît que les partis conservent leurs positions respectives. Bien que trente-cinq nouveaux sénateurs environ entrent au Palais du Luxembourg (plusieurs d’entre eux, d’ailleurs, sont de vieilles connaissances, députés ou anciens députés), le Sénat n’en sera pas changé. Au résumé, les deux faits saillans de la journée, ceux qui peuvent jusqu’à un certain point être considérés comme une répercussion de la politique générale, et qui la synthétisent en quelque manière, sont un succès et un échec : dans la Loire-Inférieure, le succès, au premier tour, de M. le général Mercier, avec une majorité de près de 120 voix ; et à Paris, au troisième tour, après une défense acharnée, l’échec de M. Ranc, battu de quelques voix seulement. Que si, au surplus, on veut à tout prix que l’élection sénatoriale ait fourni une indication plus large ou moins particulière sur l’état des esprits et la direction des affaires, il semble que cette indication soit plutôt favorable à une politique vraiment et franchement libérale, ainsi que plus d’un choix en témoigne, et notamment la nomination, dont il est légitime que nous nous félicitions, de notre collaborateur, M. Francis Charmes, dans le département du Cantal.


L’opinion publique, en Allemagne, par ses organes les plus prompts à s’émouvoir et les plus difficiles à calmer, — les journaux, — se montrait depuis quelques semaines nerveuse et irritée au sujet de la saisie pratiquée par des croiseurs anglais, dans les eaux de l’Afrique australe, de paquebots-poste battant pavillon de l’Empire, et parmi eux du navire le Bundesrath. Il n’y avait guère moins d’un mois que ce navire avait été capturé, — exactement le 28 décembre, — et la moitié de janvier était passée qu’il était toujours détenu à Durban. Aux réclamations, énergiques, pourtant, des autorités allemandes, les autorités anglaises ne se hâtaient pas de répondre : on eût dit même qu’elles se piquaient d’y mettre comme une lenteur qui n’allait pas sans mauvaise volonté. En Allemagne, ainsi que de coutume, ce fut d’abord la presse d’opposition qui prit feu ; puis la presse qu’on peut qualifier d’indépendante, à l’ordinaire plus sage et plus rassise : jusqu’à ce qu’enfin s’en mêlât