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tissée de banales formules : elle pouvait prêter à sourire aux gens de cour venus de Versailles ; mais elle répondait aux pensées de toute la partie de l’assemblée qui connaissait les malheurs et la grandeur d’âme de Stanislas, et qui avait suivi de près la dignité courageuse de sa vie. Quant à la famille royale de Pologne, elle voyait réellement de son désastre sortir le bonheur d’aujourd’hui, et elle remerciait Dieu avec des larmes, tandis que les cérémonies de la messe de mariage se déroulaient et que les symphonies, alternant avec les chants liturgiques, élevaient les cœurs vers le Maître qui savait dès ce monde récompenser la vertu.

La reine de France fut ramenée au Gouvernement, escortée des gardes du corps et des Cent-Suisses, qui lui devaient maintenant leur service. Mlle de Clermont l’attendait dans son appartement et lui présenta ses dames, puis M. de Nangis, son chevalier d’honneur, M. de Tessé, son premier écuyer, et toute la partie de sa maison qui était du voyage. Elle reçut les visites des princes allemands et du chapitre et dîna au grand couvert avec ses parens, tandis que les canons de la ville et de la citadelle tiraient sans interruption ; enfin, elle put aller se reposer, pendant qu’on servait à dîner à Mlle de Clermont et aux dames demeurées dans leur grand habit.

L’après-midi, la Reine ayant désiré entendre, en ce jour de fête de l’Eglise, les vêpres de la sainte Vierge, ce fut l’occasion pour les officiers de sa maison de commencer à exercer les fonctions de leur charge. Sa Majesté alla à la cathédrale dans son carrosse, avec Mlle de Clermont et ses quatre premières dames, suivi de toute son escorte. MM. de Nangis et de Tessé l’accompagnèrent au chœur ; derrière son fauteuil, se tint le duc de Noailles, comme capitaine des gardes ; les dames du palais entourèrent le prie-Dieu, aux côtés duquel prirent leur poste les officiers des gardes et les gardes de la manche qui, ainsi que leur nom l’indiquait, ne devaient point quitter la personne royale. Toute l’étiquette de Versailles prenait déjà possession de la princesse polonaise et lui marquait sa place hors du reste de l’humanité. Quand la Reine suivit la procession, entre M. de Nangis et M. de Tessé, le manteau soutenu par le duc de Noailles, le roi Stanislas marchait derrière elle, donnant la main à Mlle de Clermont, et contemplait à distance les honneurs dont on revêtait sa fille, naguère encore assise avec tant de simplicité au foyer familial. Pour elle, au milieu de ces pompes nouvelles et peu désirées, elle se réfugiait