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Les antiques, d’une grande valeur artistique, ont été transportés à Naples, à la fin du XVIIIe siècle. Parmi eux figurait le Faune portant Bacchus qui orne aujourd’hui la salle des chefs-d’œuvre à l’ancien museo Borbonico. Les statues en pied ont été remplacées de nos jours par des bustes modernes dus au ciseau d’élèves de Michel-Ange, provenant de Caprarola. Ils ne remplissent que fort imparfaitement leur office, juchés qu’ils sont sur des socles disgracieux qui auraient fait horreur au cardinal Farnèse et à son peintre. Des coquilles s’arrondissent dans la partie supérieure des niches, puis, au-dessus et au milieu d’ornemens divers, de petits tableaux rectangulaires alternent avec de petites niches rondes où des bustes antiques d’empereurs romains ont fait place à des marbres modernes. Le sujet des petits tableaux est emprunté à la fable ; Arion parcourant les Mers sur un dauphin, — Prométhée animant la statue, — Hercule tuant le Dragon du Jardin des Hespérides, — Prométhée délivré par Hercule, — Dédale et Icare, — la Faute de Callisto découverte, — Callisto changée en Ours, — Apollon recevant la Lyre des mains de Mercure.

Entre le dernier pilastre et le mur opposé, Annibal peignit une sorte de pilastre feint agrémenté de figures symboliques : la Force, la Modération, la Justice, la Charité. Ce pilastre simulé est plus large d’un côté que de l’autre, de façon à dissimuler le défaut de symétrie architectonique dont j’ai parlé plus haut. Des blasons en achèvent la décoration. La licorne, emblème de la maison Farnèse, a fourni le sujet d’une composition dans un compartiment rectangulaire, au-dessus de la porte d’entrée. Au milieu d’un paysage d’une grande simplicité, une jeune fille est assise, tenant dans ses bras le redoutable animal que seule l’innocence parvient à désarmer. Toute cette décoration est d’une noble magnificence. Les statues des héros et des dieux de l’Olympe, alignées sur la cymaise, forment comme la préface des compositions de la voûte, dédiées aux légendes fabuleuses de l’antique mythologie. Les autres ornemens, les peintures ajoutent à l’opulence de cette décoration sans la surcharger.

Annibal avait d’abord songé à étendre aux deux extrémités de la galerie l’ordonnance que je viens de décrire. Le croquis du Louvre (n° 7416), cité plus haut, en fait foi. Le peintre se ravisa, probablement en raison de l’existence et surtout de la position des portes qui s’ouvrent de ce côté. Il supprima, en conséquence, les pilastres, les niches et leurs accessoires et les remplaça par