Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 158.djvu/416

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en vigueur dudit décret-loi, jusqu’au 20 février 1900, date à laquelle la première section de la Cour de cassation a déclaré que les prescriptions qui y sont contenues avaient été indûment appliquées.


I

Dès le début de l’année 1898, des troubles se produisaient dans plusieurs parties du royaume, présentant d’abord un caractère anodin, puis s’aggravant brusquement, au point de prendre les allures de mouvemens insurrectionnels. Un moment vint où presque tout le pays fut en état d’effervescence. Cette situation avait une double cause. Le malaise économique dont l’Italie souffre depuis plusieurs années en était la cause première, surtout dans les provinces du Sud et du Sud-Est, plus complètement appauvries ; mais, d’autre part, il était évident que les partis révolutionnaires exploitaient cette situation économique pour faire de la propagande en faveur de leurs théories. On s’en rendit compte lorsque, dans les premiers jours du mois de mai, l’agitation atteignit son point culminant à Milan. Pendant plusieurs jours, cette grande et opulente cité, qui ne souffrait pourtant pas, comme les campagnes, de la crise économique, fut presque à la merci des socialistes et des anarchistes, qui y exercèrent une véritable domination, après que l’émeute, plus sanglante et plus grave que partout ailleurs, eut réduit un moment à l’impuissance les autorités régulières.

Avant l’insurrection de Milan, le marquis di Rudini, président du Conseil, avait eu recours à un double moyen pour ramener un peu de tranquillité dans le pays. Reconnaissant que la misère était la cause principale des troubles, il avait essayé de l’atténuer par des mesures économiques, dont la plus radicale avait été la diminution des droits d’entrée sur les blés. Cette concession faite, il s’était senti d’autant plus à l’aise pour procéder avec rigueur contre les perturbateurs. Quand des troubles un peu sérieux éclataient dans une localité quelconque, il y faisait proclamer l’état de siège. C’est ainsi qu’on procéda jusqu’au mois de mai. Cependant, l’insurrection de Milan ayant fait apparaître le danger sous un jour beaucoup plus menaçant, on estima, dans les milieux officiels, que les palliatifs ne suffisaient plus, et qu’il fallait s’adresser au Parlement pour obtenir de lui des moyens