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secours d’un agent extérieur qu’ils appellent force. Cette grande loi de l’inertie n’est pas l’attribut exclusif des corps bruts ; elle ne leur est pas spéciale : en dépit des apparences, elle régit aussi les corps vivans, dont la prétendue spontanéité est une illusion démentie par toute la physiologie.

Il y a donc, ici, intervention d’un stimulant. Ce stimulant est extérieur à l’animal ; c’est un agent physique, chaleur, électricité, lumière, choc mécanique, forme quelconque de l’énergie ambiante. Il peut lui être intérieur ; nous voulons dire situé en deçà de l’enveloppe corporelle, et porter son action sur une surface sensible intérieure. La pression de sang à l’intérieur du cœur, le contact d’une humeur ou d’r une substance produite par les tissus avec les terminaisons d’un nerf sensible, sont des exemples de stimulation de ce genre. Dans les deux cas, le stimulant est également extérieur et étranger à l’appareil sur lequel s’exerce en premier lieu son action.

Ce stimulus, selon le physiologiste, est exclusivement matériel ; c’est quelqu’un des agens physiques ou chimiques qui appartiennent à la nature. Une autre opinion, bien plus répandue parmi les profanes, est que ce stimulus n’est pas toujours matériel, qu’il n’est pas nécessairement emprunté aux forces générales de la nature, qu’il peut être psychique. C’est ainsi, par exemple, que le souvenir d’une douleur peut faire couler les larmes. L’action de la volonté, l’intervention des facultés de l’âme pourrait, sous le nom d’influence du moral sur le physique, provoquer l’apparition de manifestations nerveuses de tout ordre, aussi bien visibles et sensibles, matérielles en un mot, que psychiques. Cette opinion, qui a tant de fondement apparent, semble donc remettre en question le principe qui vient d’être affirmé tout à l’heure, à savoir qu’il n’y a pas de manifestations nerveuses spontanées. L’âme, en effet, possédant une activité libre, si l’on admet que cette activité est susceptible d’être, par elle-même, un stimulus efficace, les manifestations nerveuses correspondantes seront spontanées.

Mais, comme nous l’avons dit plus haut à propos de l’activité cérébrale, pour éviter d’entrer dans des controverses philosophiques, on échappera à la difficulté par un biais. On remarque qu’il y a un moment où le stimulant, pris au monde de l’âme, passe dans le monde physique et vient se révéler par l’entrée en activité matérielle d’un organe nerveux. Celle-ci est le véritable