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peuvent poursuivre l’étude expérimentale du nerf avec succès, tout en laissant la question dans cet état d’indétermination.

Parmi ces études, celles qui sont relatives à la vitesse de propagation de l’agent nerveux, ont été reprises, en ces derniers temps, par quelques expérimentateurs. Une question restait en suspens, ou du moins, ce qui revient au même, elle avait été résolue en sens contraires. Il s’agissait de savoir si la vitesse variait à mesure de la progression et si elle allait en se ralentissant comme l’ont prétendu Munk et Rosenthal ; ou, si la vitesse restait constante et le mouvement de l’onde nerveuse uniforme, comme l’avait trouvé du Bois-Reymond. Cette dernière alternative semblerait être ta vraie, d’après les expériences récentes de G. Weiss.


VIII

Une intéressante discussion a été soulevée dans ces derniers temps, à propos de la fatigue du nerf. L’activité prolongée ou répétée du cordon nerveux entraîne-t-elle, chez lui, cet ensemble de modifications que l’on observe chez d’autres organes et que Ton désigne, dans leur ensemble, sous le nom de fatigue ? C’est un état qui se manifeste chez tout organe en général, et chez le muscle, en particulier, par l’affaiblissement de toutes ses propriétés, par sa paresse à réagir, par la lenteur de son fonctionnement, et, au degré extrême, par une inertie à peu près complète. Y a-t-il quelque chose d’analogue chez le nerf, ou bien celui-ci est-il infatigable ?

La loi de l’alternance de l’activité et du repos est une des plus universelles qui s’imposent aux êtres vivans. Le fonctionnement du cœur et de l’appareil respiratoire en fournissent des exemples évidens. Les muscles ordinaires montrent les mêmes alternatives d’action et de repos. Le muscle, sollicité à la contraction, fait un rapide effort, donne une brève secousse et se relâche aussitôt. Il ne saurait fournir un travail continu. Les infractions à la règle sont purement apparentes. Lorsqu’un muscle doit exercer un effort soutenu, ses libres se suppléent les unes les autres ; des équipes de travailleurs musculaires se succèdent, à tour de rôle, pour l’exécution du travail et se reposent aussitôt que leur courte tâche est accomplie. Cette succession rapide d’efforts donne l’illusion de la continuité.