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y avait coalescence, fusion de substance, entre tous ces prolongemens ; c’était le réseau de Gerlach. Cette croyance entraînait deux conséquences. La première est d’ordre anatomique ; c’est à savoir que les cellules n’étaient pas des élémens complètement distincts et individualisés, puisqu’ils étaient réunis par une sorte de tissu commun, comme les polypes associés en colonies, par un cœnenchyme. La seconde conséquence était physiologique ; l’influx nerveux amené à la cellule de la moelle par le cylindraxe ne pouvait que se disperser, au hasard des rencontres, dans cet écheveau embrouillé, et s’y perdre.

Les recherches exécutées en ces dernières années par Golgi, Ramon y Cajal, Kolliker, Lenhossek, Retzius, et d’autres encore, semblent avoir levé ces difficultés en établissant la doctrine des neurones.

Ces observateurs ont apporté la lumière dans le fouillis inextricable de la substance grise des centres nerveux — et, cela, grâce à deux procédés de coloration infiniment précieux, le procédé chromo-argentique de Golgi et le procédé au bleu de méthylène, d’Ehrlich. La découverte de ces moyens a opéré une véritable révolution en anatomie microscopique.

La substance grise cérébrale, plongée dans les réactifs employés jusqu’alors pour colorer les élémens, c’est-à-dire dans le carmin ou le chlorure d’or, s’imprègne dans sa totalité : tous les fils de cet écheveau se teignent également ; l’œil n’en peut isoler, distinguer et suivre aucun. Par une bizarrerie inexpliquée, le réactif de Golgi choisit dans une coupe un très petit nombre de cellules pour s’y fixer, une ou deux, par plan focal : il néglige toutes les autres, mais ces deux-là, il les colore à fond, jusque dans leurs ramifications les plus lointaines ; du moins, on le crut. Il en révélait la structure. Il montrait que ces ramifications dendritiques ne se fondent pas les unes dans les autres : qu’elles ne font que se diviser de plus en plus, dichotomiquement ; qu’il n’y a point de réseau : et enfin que les cellules nerveuses sont des élémens individualisés dont les prolongemens ne font autre chose que d’entrer en contact par leurs extrémités. Une cellule ainsi unie aux voisines est un neurone.

Le procédé d’Ehrlich, très précieux aussi et très pénétrant, révèle les détails de structure du corps cellulaire. Un autre moyen, plus récent, dû à Nissl, a permis d’apercevoir dans ce corps cellulaire des masses remarquables, les élémens chromophiles, très