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LES CAUSES DIRECTES
DU
DIX-HUIT BRUMAIRE

II[1]
LUTTE DES FACTIONS. — LA CRISE DE NOVI


I

Joubert partit de Paris le 28 messidor-16 juin, désigné pour battre Souvorof et rompre le deuil de nos drapeaux, portant aussi en lui l’espoir des politiques qui attendaient d’un général victorieux la création d’un gouvernement et la réfection de la France. Pour ménager son succès tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, rien n’avait été épargné par Siéyès, par les hommes initiés au secret. Ils avaient décidé de mettre près de lui Moreau comme adjoint et comme mentor : la sagesse à côté de la fougue. Pour rattacher Joubert à ce qu’il y avait de plus engageant d’aspect dans le monde politique et la société d’alors, on l’avait fiancé à Mlle de Montholon, belle-fille de Sémonville, l’homme de toutes les prévoyances, sans cesse tourné vers l’astre naissant.

L’aventure de Joubert débuta comme un roman sentimental, qui plut aux Parisiens. Il court se marier à Grandpré en Champagne,

  1. Voyez la Revue du 1er avril.