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LA DUCHESSE DE BOURGOGNE
ET
L'ALLIANCE SAVOYARDE SOUS LOUIS XIV

V
LES PRÉLIMINAIRES DE LA DÉFECTION[1]


I

Nous n’avons voulu interrompre par aucune réflexion le cours des négociations que nous avons racontées. Avant d’en continuer le récit, il nous est cependant impossible de ne pas faire remarquer combien les travaux entrepris depuis vingt ans par des historiens ayant travaillé sur documens et conclu sur pièces justifient Louis XIV d’une grande partie des accusations que la légende a accumulées contre lui à propos de la Succession d’Espagne[2].

Un des principaux auteurs de cette légende est celui que, par une convention singulière, on appelle volontiers notre historien national, bien qu’une bonne moitié de son histoire ait été consacrée par lui à déshonorer la France dans son passé. C’est Michelet que nous voulons dire. Lorsque, après avoir achevé la lecture des ouvrages dont je viens de parler, ou feuilleté soi-même les documens contemporains, on reprend l’Histoire de Michelet, on ne peut s’empêcher de sourire aux explications à la fois grossières et

  1. Voyez la Revue du 15 mars.
  2. Nous rappelons ici les noms de ces historiens, sur l’autorité desquels nous nous sommes appuyés dans un précédent article : Legrelle, la Diplomatie française et la Succession d’Espagne ; — Hermile Reynald, Louis XIV et Guillaume III  ; — Le marquis de Vogüé, Villars, d’après sa correspondance.