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et les plus actifs sous la chaude impulsion de Hals. Portraitistes, anecdotiers galans ou militaires, observateurs mondains ou populaires, paysagistes, c’est, durant un demi-siècle, une poussée joyeuse et unique ! Nous ne les connaissons pas tous, ici, malheureusement ; néanmoins, nous possédons les meilleurs, Adriaan Brouwer et les deux Van Ostade. Pour les portraitistes, émules ou rivaux de Hals, qui se tinrent presque tous, d’ailleurs, dans une manière plus réservée et moins ardente, plus conforme au goût général, nous sommes, en revanche, insuffisamment documentés. Si Henri Pot (1585-1657) est véritablement l’auteur des Officiers d’Archers se rendant au tir, au musée de Harlem, notre petit Portrait de Charles Ier d’Angleterre, si authentique et précieux, si vivant même et coloré qu’il soit, est un spécimen insuffisant de son grand talent. Johannes Corneliez Verspronck (1597-1662), autre élève de Hals, se fait mieux connaître par son Portrait de Dame, en robe de soie noire à fleurs, coiffe, col, manchettes de guipures. C’est bien là cette facture loyale, consciencieuse, un peu heurtée, un peu triste, qui lui assura grand succès auprès des bourgeoises cossues et des respectables matrones de sa petite ville. L’excellente répétition (très réduite) du tableau d’Amsterdam, le Jugement du Prix de l’arc, par Barthélémy Van der Helst, d’une tenue si simple et si digne, dans une tonalité grave et sombre, montre une fermeté de style qui n’est pas commune en son œuvre. Toutefois, même en ajoutant à ce morceau deux portraits à mi-corps, homme et femme, de 1655, et le couple en pied de la Collection Lacaze, on doit regretter que cet artiste considérable, d’un talent inégal et parfois languissant, mais le plus souvent si vrai et si noble, dont le succès, parmi ses contemporains, balança ou dépassa ceux de Hals et de Rembrandt, ne soit pas connu à Paris par des œuvres plus importantes. On peut rattacher, nous le croyons, à l’Ecole de Harlem, un tableau de corporation, la Chambre de Rhétorique, attribué naguère, sans aucune vraisemblance, aux frères Le Nain.

Dirck Hals (1589 ?-1656), le frère cadet de Frans, fut l’un des premiers à peindre, en petites dimensions, ces tableaux de conversations qui devaient si rapidement se répandre dans les cabinets d’amateurs. Conversations bourgeoises, conversations militaires, le plus souvent conversations joyeuses, autour d’une table, avec accompagnement de musique, de danse ou de jeu, dans les salons de la haute et basse galanterie. Dirck a souvent mêlé