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relle des pétroles. De là une nouvelle théorie de ce fait géologique.

Il est bien certain qu’une partie des pétroles que l’on extrait des entrailles de la terre tire son origine des végétaux enfouis, c’est-à-dire de matières organiques en décomposition : sans sortir de France, c’est ce qui a lieu, par exemple, pour les schistes bitumineux d’Autun. Mais il y a d’autres cas où le pétrole apparaît dans des couches volcaniques, extrêmement pauvres en débris organisés. Il est permis de penser qu’alors les carbures métalliques formés à haute température ont pu se décomposer au contact de l’eau et fournir le dégagement des pétroles. On pourrait expliquer ainsi les petites quantités de pétrole que des sondages ont permis de recueillir, dans les environs de Riom, en Limagne.

Selon M. Moissan, il est vraisemblable que le carbone de notre monde actuel, celui de tous nos composés organiques présens, était originairement combiné aux métaux sous forme de carbures métalliques : ce serait encore à cet état qu’il subsisterait dans les astres à température élevée. Plus tard, lorsque le refroidissement progressif du globe a permis l’union de l’oxygène et de l’hydrogène et l’apparition de l’eau, celle-ci en agissant sur les carbures métalliques aurait engendré des carbures d’hydrogène — et ces derniers, enfin, par oxydation, auraient donné de l’acide carbonique. À partir de ce moment seulement, la vie végétale serait devenue possible — et plus tard, enfin, la vie animale. C’est là une hypothèse qui, à tout prendre, est très rationnelle. Elle est fondée, comme on le voit, sur une assimilation des conditions où s’est trouvée, à un certain moment de son évolution, la matière cosmique incandescente avec celles qui sont réalisées par les hautes températures du four électrique.

A. Dastre.