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L’INAUGURATION DE L’EMPIRE LIBÉRAL

I
LE DECRET DU 24 NOVEMBRE 1860


I

Ni les péripéties de la campagne d’Italie, ni l’épopée de Garibaldi, ni les progrès de l’Unité cavourienne, quel que fût leur intérêt, ne ralentirent l’activité législative des Cinq, n’interrompirent leur combat. Les années 1860 et 1861 furent, grâce à eux, pour leur auguste cliente, la liberté, des années décisives.

Ils trouvaient un Corps législatif qui, bien que composé des mêmes membres, était, néanmoins, différent de celui qu’ils laissèrent à la fin de la session. Jusque-là, dans la majorité docile et satisfaite, il n’y avait eu un semblant de résistance que parmi les « budgétaires, » comme nous appelions les Gouin, Devinck, Lequien, Larrabure. Malgré leur soumission aux volontés impériales, ces hommes distingués pensaient que le vote par ministère restreignait trop l’ancienne spécialité parlementaire par chapitres ; que la commission du budget était trop sous la férule du Conseil d’Etat ; et que les crédits supplémentaires ouverts à volonté rendaient à peu près vaines les prévisions législatives. Calley Saint-Paul réprimandé pour avoir exprimé ses doléances un peu haut, personne ne renouvela son audace, et les budgétaires ne firent plus entendre qu’un murmure à peine perceptible. L’affaire d’Italie et le traité de commerce délièrent les langues. Presque toute la