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pareils, mais ils reviendraient apparemment beaucoup plus cher, et si tu préfères le cœur d’opale comme médaillon, je chercherai plus tard les deux pendans convenables avec perle assortie. 2° Une robe d’environ cent thalers, pas davantage. Elle la désire d’un blanc très clair, à deux passes, et moderne, ou quelque chose d’analogue. Il lui faut environ vingt aunes. 3° Si tu trouves à bon marché un joli éventail doré, qui fasse froufrou, achète-le aussi. N’y mets pas plus de dix thalers, je ne peux pas supporter ces inutilités. 4° Une grande couverture bien chaude, pour se mettre sur les genoux quand on voyage en voiture, avec un tigre dessiné dessus, tête et œil de verre compris. A défaut de tigre, tu pourras prendre soit un renard ou un hippopotame, soit un carnassier quelconque. J’en ai vu une semblable chez ***, de laine très douce. Cela ne doit pas coûter plus de dix thalers[1]. »

A une autre Noël, deux ans après : « Je voudrais faire cadeau à Jeanne d’un bracelet ; le genre que j’imagine est large, uni, massif, flexible, composé de petites pièces d’or carrées en forme d’échiquier, sans pierreries, pur or, d’un poids pouvant valoir environ 200 thalers. Si tu trouves une autre forme qui te plaise davantage, j’ai une entière confiance dans ton goût. Ce n’est pas précisément parce qu’un bijou serait de mode que je le préférerais ; ces choses-là durent plus que la mode[2]. » Deux ans après, encore : « L approche de Noël me met en souci. Je ne trouve rien ici pour Jeanne, à moins d’y mettre un prix fou. Sois assez bonne pour lui acheter chez Friedberg de douze à vingt perles qui puissent cadrer avec son collier. Je veux consacrer environ trois cents thalers à cet objet[3]. » Quelques mois s’écoulent, et arrive avril : » Tu sais que c’est le 11 avril qu’ont été jetés les fondemens de mon bonheur domestique ; mais ce que tu sais moins peut-être, c’est que j’avais, l’an dernier, témoigné ma satisfaction du retour de cette journée par le présent de deux pendans d’oreille achetés chez Vagner, Sous les Tilleuls, et que naguère mon aimable donataire a perdu ces pendans, qui lui auront sans doute été volés. Pour adoucir, dans une certaine mesure, l’amertume de cette perte, je voudrais bien avoir, pour le 11, une paire de pendans semblables destinés à orner l’appareil

  1. A Mme d’Arnim. De Francfort, 19 décembre 1856. — Voyez A. Proust, Le prince de Bismarck, sa correspondance, p. 86.
  2. A la même. De Francfort, 10 décembre 1858. — Ibid., p. 102.
  3. A la même. De Saint-Pétersbourg, 9 décembre 1860. — Ibid., p. 136.