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de vapeur ; de 0° à 100° elle est à la fois Liquide et vapeur. C’est là une notion qui peut se généraliser. Pratiquement, on regarde un corps comme fixe par rapport à un autre lorsque leurs points d’ébullition diffèrent de plus de 140°.

Ce ne sont point seulement les solutions aqueuses qui forment l’objet de la tonométrie. Celle-ci examine une infinité d’autres dissolvans que l’eau. Les solutions aqueuses ne constituent qu’un cas particulier ; il faudrait même dire un cas aberrant. Les dissolutions aqueuses les plus communes, les plus usuelles, celles des acides forts, des bases fortes, des sels, présentent une constitution si particulière (décomposition électrolytique) qu’elles paraissent échapper aux lois générales. Et, de fait, l’étude tonométrique des dissolutions aqueuses est restée à peu près impuissante dans les mains d’expérimentateurs de grand mérite tels que von Babo, Wüllner, Tammann, Pauchon, Emden, Dieterici. La considération des autres solvans que l’eau, a permis à M. Raoult d’arriver à des formules plus complètes. Mais les lois tout à fait générales ne se sont manifestées que lorsque l’examen des nombres expérimentaux a été vivifié par l’idée théorique, c’est-à-dire, comme nous le verrons, par l’introduction de l’hypothèse moléculaire.


II

C’est un fait d’observation vulgaire que, lorsque l’on dissout dans l’eau un corps fixe non volatil, un sel, par exemple, il devient plus difficile de la faire bouillir. Il faut chauffer plus longtemps ; ou, pour parler plus exactement, il faut élever la température plus haut. Un proverbe anglais dit que le pot que nous regardons bouillir ne bout jamais, au gré de notre impatience. C’est encore plus vrai si le pot contient un sirop ou une saumure. L’eau pure bout à 100°, à la pression ordinaire ; l’eau saturée de sel ordinaire n’entre en ébullition qu’à 109°. Il y a retard à la vaporisation ; il y a élévation du point d’ébullition. La présence d’une matière dissoute fait monter le point d’ébullition. Il faut noter incidemment, — et cette observation est due à Rudberg, — que, quoique la solution bouillante ait une température de 109°, la vapeur qui s’en échappe est toujours à 100°, comme si l’eau était pure.

Au lieu du degré d’ébullition, on peut prendre en considération la force élastique de la vapeur émise. L’influence de la matière dissoute pourra se traduire alors d’une autre façon. L’eau salée de tout à l’heure