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Vien-Tian, dont j’aurai l’occasion de parler en cours de route ;

2° Le Tran-Ninh, véritable sanatorium, sur un vaste plateau, à 1 600 et 1 800 mètres d’altitude.

L’élevage y a été très florissant. Chevaux et bœufs, très recherchés pour leur force et leur grosseur, s’y comptaient par milliers lorsque les Siamois les ont capturés avec une partie des habitans. Vainement ces Laotiens réclament à Bangkok leur retour au pays d’origine et la restitution du bétail enlevé. Des bases d’évaluation avaient été établies en 1889 par le résident de Vinh, et nous sommes impuissans à obtenir satisfaction du roi de Siam, malgré le texte formel du traité de 1893. Puisque nous sommes les « protecteurs » de ces populations, pourquoi ne pas exercer nos droits et remplir nos devoirs ? Le port de Vinh est à peu de distance de cette riche contrée, qui est favorable à l’agriculture comme à l’élevage. Le fer y est réputé le meilleur de ces pays, et des mines d’or y sont exploitées.

3° Les Hua-Panh sont placés entre le Luang-Prabang et Hanoï, et pourraient relier ces deux villes par une route terrestre.

Vien-Poukha[1], à dix jours au nord de Xieng-Khong, comprend les territoires de Xieng-Khong, Xieng-Sen et Muong-Sing. La restitution de Muong-Sing fut faite le 10 mai 1896 par mon hôte de Xieng-Tong, M. Stirling, délégué du gouvernement britannique, aux mains de M. Vacle, commandant supérieur du haut Laos, délégué du gouvernement français, mon hôte de Luang-Prabang et l’un de nos plus habiles fonctionnaires, si j’en juge par l’œuvre qu’il a accomplie en trois années. Muong-Sing, sur la frontière des Sip-Song-Pana, la plaine aux rizières fertiles, aux innombrables troupeaux, est traversé par de nombreuses caravanes venant de Chine et du pays des Sip-Song-Pana, pour se rendre en Birmanie et à Xieng-Kong. C’est la région des mines de saphir. Il s’y fait un grand commerce de cire, et le thé, spécialement préparé, est envoyé en Birmanie pour y être chiqué.

Le successeur de M. Mazeran au commandement du La Grandière doit continuer à faire monter notre canonnière de Xieng-Lap dans la direction de Xieng-Hong, l’objectif des Anglais sur la route de Se-Mao, — et cette manœuvre, si j’en crois les inquiétudes de nos voisins, doit grandement servir notre influence dans ce pays.

  1. Vien signifie fort, forteresse.