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PARLEMENS
ET
PARLEMENTARISME


I

Depuis que le parlementarisme est devenu l’un de nos principaux sujets de querelles et qu’il n’est pour ainsi dire personne qui ne se batte à l’occasion pour ou contre, ceux-ci l’attaquent comme une superstition, ceux-là le défendent comme une religion, tous le traitent comme quelque chose d’un peu sacré et mystérieux. Il n’y faut cependant point tant d’affaires. — Le parlementarisme n’est ni un fait éternel, ni un fait universel. On le délimite et on le localise aisément dans le temps et dans l’espace : il a son histoire et sa géographie.

Dans le temps, — quoi que de très savans hommes puissent dire des anciennes assemblées populaires, et quelque effort d’érudition ingénieuse qu’on tente pour rattacher, — par une chaîne à laquelle d’ailleurs il manque bien certaines mailles, — le plus vieux des parlemens, le Parlement anglais, au Witenagemot saxon, en dépit de toutes les constructions et reconstructions, le sûr est que, là où il atteint l’âge le plus vénérable, en Angleterre même, d’où il s’est répandu sur le monde, le parlementarisme, au sens précis du mot, n’a guère plus de deux siècles d’existence. Il n’a qu’un siècle à peine aux États-Unis d’Amérique, qui sont sa première colonie, et dans l’Europe continentale, entre un siècle et un demi-siècle seulement.

Dans l’espace, — sauf l’imitation américaine et les imitations coloniales, presque toutes en des colonies anglaises ; le Cap,