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n’en pas conclure, non point, sans doute, tout d’un coup et absolument, que le parlementarisme est une forme de gouvernement à jamais impossible ou de toute façon impraticable, mais au moins que, comme il est naturel et comme il était probable, il n’a pas, dès sa première application, trouvé son assiette définitive ?

Mais après, que conclure de cette conclusion ? Que cette base solide, il ne la trouvera pas ? que cet équilibre, il ne le réalisera point ? que cette adaptation, cette adéquation des moyens à la fin, il lui est interdit de l’opérer ? et que, par conséquent, c’est une forme à rejeter comme vaine et inutilisable ? Soit, à la condition que l’on en ait une autre toute prête et qui soit incontestablement supérieure, qui n’ait ni ces inconvéniens, ni de pires, qui s’inscrive bien à sa place dans l’espace et dans le temps, c’est-à-dire qui soit bien moderne, bien européenne, bien occidentale. Mais si, cette autre forme meilleure et qui sauve tout ce qui doit être sauvé, on ne l’a pas ou on ne la voit pas, pourquoi ne pas se demander si ces reproches et ces critiques, c’est bien le parlementarisme qui les mérite ; s’il ne pourrait les éviter ; j’entends : si ses vices sont bien de l’essence même du régime parlementaire, ou si par hasard ils tiendraient à ce que nous n’en connaissons qu’une ébauche grossière, une contrefaçon ou une caricature ? Et alors, pourquoi ne pas chercher à donner au parlementarisme ce qui lui manque, à l’alléger de ce qu’il a de trop, et ainsi à en tirer ce qu’il peut rendre ?

Pour l’entreprendre, d’ailleurs, avec quelque espoir d’y réussir, il faut procéder prudemment, en commençant par les définitions et les distinctions nécessaires, puisqu’en effet, si petit que soit le coin que couvre le parlementarisme dans le temps et dans l’espace, là dedans aussi et rien qu’en ce petit coin, il y a une vérité d’en deçà des Pyrénées et une erreur d’au delà, une vérité d’hier et une erreur d’aujourd’hui ; il y a des genres et il y a des cas : il y a parlementarisme et parlementarisme.


II

D’abord, les définitions, et d’abord, qu’est-ce que le parlementarisme ? On se trompe communément, lorsque communément on fait résider dans le parlement seul le parlementarisme tout entier, lorsque, par exemple, si les Chambres sont mauvaises et font de déplorable besogne ou ne font rien, on crie à la faillite, on dénonce