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signal de forcer de voiles, et la fuite commença. L’Embuscade et la Coquille, plus éprouvées que les autres frégates par les boulets anglais, avaient amené leur pavillon.

La Bellone. — Le capitaine Jacob, sur la Bellone, engage la lutte contre le Foudroyant, pour permettre à la Loire, à la Romaine et à l’Immortalité de s’échapper. Un boulet rouge met le feu aux grenades entassées sur le pont. Déjà le gréement et la voilure sont en feu ; l’enseigne Cotelle et le capitaine Barbier, du 7e hussards, s’élancent dans la mâture et, avec quelques matelots intrépides, ils éteignent l’incendie. Jacob fait jeter à la mer tout ce qui alourdit la marche et gêne la manœuvre. Il se dérobe au Foudroyant ; mais il est rejoint par le Melampus et par l’Ethalion qui, après deux heures de canonnade, obligent, à grand’peine, l’héroïque Jacob à rendre sa frégate démâtée, prête à couler ; on ne compte plus les morts et les blessés.

La Résolue. — Après la prise du Hoche et le signal de la Romaine, le capitaine Bargeau a forcé de voiles. À midi, nous ne tirions plus que nos canons de retraite, qui ont été bientôt hors de portée. Nous avions devant nous un vaisseau rasé, l’Anson, qui avait perdu son mât d’artimon, mais qui manœuvrait pour nous couper la route, tandis que les autres navires anglais nous appuyaient la chasse. Nous nous trouvions, ainsi que la Loire, la Romaine et l’Immortalité, entre les chasseurs, l’Anson et la côte, qui nous restait sous le vent, à trois lieues. À trois heures, la Loire nous a dépassés et s’est trouvée bientôt à portée de l’Anson ; elle a échangé avec lui deux ou trois volées, puis a gagné le large.

De suite notre tour est venu ; nous avons engagé le combat presque à portée de mousquet. On a fait, de part et d’autre, un feu à mitraille très actif et très meurtrier ; mais l’Anson avait du 32 et nous n’avions que du 12. Le gaillard d’avant, où était le commandant Potier, a beaucoup souffert ; un sergent-major a été tué à côté de lui. La caronade a été démontée, tous les canonniers tués ou blessés, beaucoup de matelots mis hors de combat et un lieutenant légèrement blessé.

À quatre heures, l’Immortalité est venue nous seconder ; mais, supérieure en marche, elle nous a bientôt dépassés, et tout le feu de l’Anson s’est concentré sur nous. À cinq heures, nous avons coupé le petit mât qui remplaçait son artimon.

À six heures et demie, la Romaine a passé au vent de l’Anson et lui a lâché quelques coups de canon en s’éloignant.