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POÉSIE

LES HEURES


AU FIL DES JOURS


Oh ! savoir vivre heureux dans son humble maison,
Renoncer à poursuivre un bonheur impossible,
Se faire une âme simple et devenir sensible
Aux plaisirs passagers qu’offre chaque saison ;

Savoir ne dédaigner aucun sujet de joie,
Jouir de la clarté d’un azur calme, et voir
Dans l’éclat d’un matin, dans la tiédeur d’un soir,
Un gage d’amitié que le ciel nous envoie ;

Quand le retour d’avril rend les bois palpitans.
Savoir prendre sa part du renouveau des choses,
Et, se rafraîchissant à la fraîcheur des roses.
Laisser au fond de soi renaître le printemps ;

L’été, parmi les champs ou le calme des villes,
Savourer, dans la paix des longs après-midis.
L’ombre lente des parcs doucement attiédis
Et des stores baissés sur les chambres tranquilles ;

En automne, où les fleurs ont de plus doux parfums,
Où l’amour s’attendrit d’un peu de lassitude,
Laisser, dans le silence et dans la solitude,
Son âme s’incliner aux souvenirs défunts ;