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ce que voulaient faire les Anglais en 1757 et en 1796. Aussi, pendant que le gros des escadres tonnera contre Belle-Isle et contre les batteries de la terre ferme, il y aura un détachement chargé de tenir sous le canon l’isthme du fort Penthièvre, de tragique mémoire, par où pourraient venir des secours.

A 8 heures et demie, au moment où nous allions encore faire des évolutions, le temps s’est couvert, la brume est venue. Au lieu de manœuvres, il a fallu faire de la sonde, beaucoup de sonde avec l’appareil Thomson. La route nous porte sur la pointe Sud-Est de Belle-Isle.

A 2 heures, brusque déchirure. Voilà la pointe en question et toute la côte de Belle-Isle.

A 3 heures et demie, l’amiral, modifiant son programme, fait le signal de se préparer à mouiller sous la petite île d’Hoedik.


6 et 7 juillet. — Hoedik.

Donc, avant-hier, mouillé tous à la fois sous Hoedik — autant dire en pleine mer. Le soir, vaguemestre à Port-Haliguen ; le lendemain matin, cuisiniers au Croisic : lettres, provisions ; amitiés, légumes frais. Toutes les joies !

Après quoi, charbon et eau. Les relâches de la division des gardes-côtes ne sont pas des « relâches, » mais des charbonnages, des coaling stations.

Entre temps, exercices variés : pose des estacades qui doivent protéger l’escadre au mouillage contre les torpilleurs de Lorient et de Rochefort réunis. Cette attaque devait avoir lieu dans la nuit du 6 au 7. Nous avons encore consciencieusement veillé, mais rien n’est venu. Fatigue inutile.

La fatigue, pourtant, est-elle inutile ? Peut-on vraiment s’y entraîner, et y a-t-il une gymnastique de la fatigue ?

Hum ! Je voudrais bien savoir ce qu’en penserait un vrai physiologiste. En tout cas, s’il peut y avoir entraînement à la longue, la durée des manœuvres d’armée n’y suffira probablement pas. Et puis, avec des Français, il y a toujours le côté « moral, » le côté Imaginatif à considérer. À ce point de vue, il serait fâcheux que la déception de cette nuit se renouvelât.


8 juillet. Le Raz-de-Sein ; Morgat.

Appareillé à midi. Les gardes-côtes s’enfoncent dans la baie pour canonner une batterie isolée qui se) cache, — perfide ! —