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autorité. Ces séances ne se terminent point par un vote comme celles des Debating Societies d’Oxford et de Cambridge, parce qu’il importe de laisser la question ouverte et de ne pas faire croire au peuple qu’un problème moral ou scientifique soit résolu par une majorité. Les settlements organisent le plus souvent qu’ils peuvent des expositions de peinture ; quelques-uns possèdent une galerie permanente. J’ai déjà parlé des visites archéologiques aux monumens et des voyages à la campagne. Lorsque j’ai visité Toynbee Hall, ces messieurs se préparaient à expédier trente-cinq mille jeunes Londoniens au bord de la mer pour une huitaine ou une quinzaine de jours. Ils font plus : ils envoient certains de leurs élèves faire des séjours d’étude, de santé, de plaisir en Allemagne, en Italie, en Grèce, jusqu’en Égypte et en Terre Sainte. Dans la maison, hommes, femmes, garçons, filles ont leur salle spéciale, leur club. On les habitue peu à peu à faire leur règlement, à administrer leurs finances, à se mettre d’accord sur le choix de leurs amusemens. Ces amusemens sont variés : golf, tennis, cricket, football ; à l’intérieur, les dames et les échecs. Pas de jeux d’argent et point de boissons enivrantes. Beaucoup de concerts et de représentations théâtrales. Le point est de les amener à y prendre part et à y prendre goût. On tâche de leur faire entendre de bonne musique comme on s’efforce de leur montrer de bonne peinture. Il y a toujours une salle de gymnastique dans les settlements. On y apprend à se battre honorablement et régulièrement, à observer les règles de la lutte à mains plates ; on fait honte aux jeunes gens des ruses traîtresses et féroces de la rixe des rues.

Ainsi il n’y a pas, le soir, un coin de la maison où il ne se passe quelque chose, où l’on ne trouve des hommes et des femmes réunis et s’amusant à leur manière. Et quand j’énumére-rais tous ces divertissemens, les uns presque sévères, les autres presque enfantins, je n’aurais pas encore donné une idée complète de la vie qu’on mène au settlement et de l’esprit qui y règne. Ces maisons-là veulent être pour le peuple ce que les clubs du West End, ce que la « Société » est pour les classes riches. Les résidens jouent le rôle de maîtres de maison, peut-être même devrais-je dire de maîtres des cérémonies. Car ils s’effacent le plus qu’ils peuvent afin de persuader au peuple qu’il est vraiment chez lui.

Ceux qui jugent l’arbre à ses fruits et les actes humains à leurs conséquences directes demanderont quels résultats a donnés