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accessibles ; nul doute qu’un jour les ballons-sondes, munis d’appareils automatiques, ne les confirment par des témoignages qu’ils iront chercher encore plus haut.

Mais revenons aux voyages de M. Janssen, dont nous avons interrompu l’énumération (il serait trop long, malheureusement, d’en faire le récit détaillé). Toujours par monts et par vaux, nous le trouverons, au mois de mars 1867, à Trani, en Italie, où il se dispose à observer une éclipse annulaire. Il conclut de ses observations que la couche absorbante qui produit les raies solaires doit être très basse, remarque qui sera confirmée par la découverte de la chromosphère. Trois mois plus tard, M. Janssen va étudier, dans l’île de Santorin, en Grèce, l’éruption volcanique qui vient de s’y produire, et il constate que l’hydrogène est la base des gaz combustibles qui s’échappent du cratère. C’est en revenant de Grèce qu’il eut l’occasion de séjourner trois jours sur l’Etna et de s’y livrer à des investigations concernant les atmosphères de Mars et de Saturne. L’année 1868 le conduit dans l’Inde pour l’observation de la grande éclipse dont nous avons déjà parlé ; elle lui suggère la belle méthode destinée, sinon à rendre désormais superflue l’étude des éclipses, du moins à en diminuer singulièrement le coûteux attrait.

Il restait cependant l’espoir d’y glaner encore quelques découvertes. M. Janssen avait compté observer en Algérie l’éclipse du 22 décembre 1870. Mais Paris était bloqué. M. Janssen partit en ballon, le 2 décembre, à 6 heures du matin, de la gare d’Orléans, passa au-dessus de Versailles, Chartres, le Mans, Château-Gontier ; à 11 heures, ayant vu la mer, il descendit près de Savenay, à l’embouchure de la Loire, sans accident, malgré le grand vent qui régnait à terre. Il avait fait 100 lieues en cinq heures, à plus de 2 000 mètres de hauteur : c’est une vitesse de 20 lieues à l’heure. Suivi du ballon et de ses quatre caisses d’instrumens, il se dirigea sur Nantes par un train spécial, puis à Tours, et se mit aussitôt en route pour Marseille et Oran, lieu choisi comme le plus favorable. Il y rencontra les astronomes anglais, qui avaient, à son insu, demandé et obtenu sa libre sortie de Paris au moment où il n’en avait plus besoin. Malheureusement, le temps fut, cette fois, tout à fait mauvais, et l’éclipse ne put être observée ; mais M. Janssen avait profité de son court voyage à bord du Volta pour inventer le « compas aéronautique, » sorte de boussole adaptée aux besoins de la navigation aérienne.