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lointaines, lui dit-il en substance, lorsque venait à luire l’espoir d’une découverte, que nous n’avons pas éprouvé une grande surprise à l’annonce de votre projet de vous rendre dans une île déserte de l’Océan Pacifique ; on savait que les obstacles ne vous ont jamais déconcerté… Cette fois pourtant, on se sentait touché par un rapprochement : votre enthousiasme pour la durée exceptionnelle de l’éclipse, — un peu plus de cinq minutes, — et votre insouciance pour la longueur de la navigation à travers l’Atlantique et le Pacifique, sans compter le voyage sur le continent américain, des mois d’ennui et de fatigue. Votre résolution vous avait mérité le succès, vos études antérieures vous l’avaient préparé, les circonstances atmosphériques vous l’ont assuré. C’est une bonne fortune pour la science. »

Ajoutons maintenant que, dans plus d’un de ces voyages, M. Janssen a eu pour compagne de route et secrétaire la noble femme qui, depuis longtemps, est habituée à seconder son illustre mari dans ses travaux. Mais il est temps que nous arrivions à la fondation de l’observatoire de Meudon.


II


L’astronomie expérimentale commençait à prendre son essor en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Amérique ; un peu partout, des observatoires se créaient, ou s’appropriaient à l’usage des nouvelles méthodes. La France, après avoir eu l’initiative d’une partie de ces découvertes, restait en arrière. Il est vrai qu’en 1869, au retour de sa mission aux Indes, M. Janssen avait obtenu de M. Duruy la promesse de la création d’un établissement où il pourrait poursuivre ses recherches. Mais la guerre vint arrêter ces beaux projets. Ce n’est qu’en 1874, au moment où s’organisaient les expéditions pour l’observation du passage de Vénus, que la question fut sérieusement engagée. Un député, M. Cézanne, ingénieur éminent, proposa à l’Assemblée nationale la création, près de Paris, d’un observatoire d’astronomie physique, et s’efforça d’en démontrer la nécessité; le ministre compétent promit de s’en occuper, après avoir pris l’avis de l’Académie des sciences. Le rapport de la commission nommée à cet effet fut entièrement favorable. M. Faye insista sur l’urgence de la création d’un établissement spécial, consacré exclusivement à l’astronomie physique ; il invoqua la grande loi qui dirige tous