Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 1.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

condiment minéral est répandu dans une grande partie de l’Afrique centrale, dans les bassins de l’Ogooué et de la Sangha, au nord du Congo, et dans les provinces de l’État Libre qui leur font l’ace, au sud, de l’autre côté du fleuve. La disette, du sel marin et du sel gemme, oblige ces populations à remplacer cette substance par une autre matière saline qu’ils préparent sur place, par leurs propres moyens.

Mais celle-ci n’est pas le sel ordinaire, le chlorure de sodium ; elle n’est même pas un sel de soude. On obtient ce faux sel au moyen des cendres de plantes. Ce ne sont point les premières venues, des plantes quelconques qui sont choisies pour cet objet ; mais, au contraire, des espèces végétales parfaitement déterminées. On s’adresse surtout à deux plantes de rivière : la plus recherchée est une aroïdée flottante commune sur l’Ogooué, et reconnue par M. Lecomte pour être le Pistia Stratiotes ; on la dit cultivée sur quelques points, précisément en vue de l’extraction du sel. La seconde est une sorte de haut bambou, poussant en touffes sur les terrains inondés.

Quelle particularité recommande ces plantes et les fait choisir à l’exclusion des autres ? Ou l’ignore. M. L. Lapicque, à qui nous empruntons une partie de ces renseignemens, suppose que c’est la faible proportion de carbonates qu’elles fournissent à l’incinération, à moins que cette pénurie en carbonates ne soit l’effet des traitemens subséquens. L’avantage est, en effet, très appréciable, pour un produit destiné à l’alimentation, de ne point contenir de carbonates alcalins, dont la saveur nauséeuse et le goût de lessive provoquent chez, tout le monde une répulsion décidée.

Les plantes récoltées sont séchées, puis brûlées ; les cendres recueillies sont ensuite lessivées. Le docteur Herr, à Berberati, sur la haute Sangha, a assisté à cette opération. Les indigènes se servent, pour l’exécuter, d’une sorte de filtre grossier, constitué par un panier conique dans lequel les cendres sont rassemblées. On y verse de l’eau que l’on recueille et que l’on fait repasser plusieurs fois, de manière à épuiser la masse du contenu. La solution ainsi obtenue est évaporée à chaud ; le résidu fixe constitue le sel de cendres.

La composition de ce sel est connue, au moins dans ses traits principaux ; M. Dybowski, en 1893, en a communiqué quelques analyses à l’Académie des sciences. Cette composition ne s’écarte