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La dernière couche, la plus profonde et la plus souillée repose sur le fond formé de vase ou d’eau. C’est la couche la plus superficielle que l’on exploite seule.

On ne peut douter que cette disposition, en couches d’épaisseur sensiblement égale, ne soit due à la régularité du régime des eaux. La plus superficielle représente sans doute le dépôt annuel.

Quant à l’exploitation de cette couche, elle se fait de la manière la plus simple. La surface est découpée, à la scie, en plaques de forme et de dimensions constantes, ayant environ un mètre de long sur une largeur moyenne de 35 centimètres. C’est ce que l’on appelle la barre de sel. Son poids est dit 20 à 25 kilos suivant l’épaisseur qui varie, elle-même, de 5 à 8 centimètres.

Les Maures transportent ces barres à dos de chameau jusqu’à Chinguitti, qui est à quinze jours de marche plus au sud. Quatre barres forment la charge d’un chameau.

De Chinguitti, d’autres convoyeurs l’apportent à Tichitt, ville principale du Tagant. Et c’est là surtout que s’organisent les caravanes, également conduites par des Maures, qui amènent le sel à Nioro, à Segou, à Siguiri et jusqu’à Kong, dans la Haute-Guinée, c’est-à-dire dans tout le Soudan occidental. Le Soudan oriental, jusqu’au Gourma, au Mossi, au Sokoto est, comme on va le voir, alimenté par le sel de Taodouil.

Ce sel est le meilleur qui circule au Soudan : il est gris rougeâtre. Les plaques sont très compactes : elles sont formées de cristaux soudés et cimentés par des dissolutions et précipitations répétées. M. Pierre Vincent s’est assuré qu’on obtiendrait un produit très analogue à ces plaques, dans les salines artificielles de nos pays, si l’on abandonnait, à lui-même le dépôt qui s’effectue sur les tables salantes.


Le sel qui provient des gisemens de Taodenil est moins coloré, les barres ressemblent à un marbre blanc veiné de rouge ; mais, en définitive, le produit est moins pur et moins estimé que le précédent. Les barres sont plus longues et plus pesantes. Leur poids moyen est de 30 kilogrammes. Il y a toute raison de penser que les gisemens de Taodenit ont une origine analogue à celle des sebkhas. L’exploitation s’en fait de la même façon.

Taodenil est au nord de Tombouctou, sur le chemin des