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Telle est, en effet, l’origine que les recherches récentes permettent d’assigner aux sebkhas et aux chotts des hauts plateaux algériens. Il y a accord sur ce point ; et, les travaux de M. Blayac sur les chotts de l’est constantinois, qui s’étalent, à une altitude moyenne de 900 mètres, au nord de l’Aurès, entre Ain Beïda et Batna, ne font qu’étendre et confirmer les vues déjà émises, à cet égard, par MM. Ville, Fournel, Renou, Coquand, Hardouin et Pomel. Le sel de ces chotts vient des roches riches en gypse, et en sel, auprès desquelles ils sont situés.

Ces roches salifères sont abondantes dans tout le nord de l’Afrique. Quelques-unes sont exploitées. Le sel consommé dans le Tell vient, en grande partie, de la célèbre montagne de sol (Djebel-el-Melah) située dans la plaine d’El-Outaya, près de Biskra. C’est une énorme masse formée de bancs horizontaux ; elle est recouverte d’un encroûtement de gypse salifère résultant de l’action des eaux pluviales.

Le problème qui préoccupait les géologues était de savoir l’âge de ces dépôts, source première du sel des sebkhas. C’est la période triasique. M. Marcel Bertrand avait le premier émis cette opinion devant les membres de la Société géologique, réunis en Algérie, en 1894. Les études de MM. Blayac, Ficheur et Gentil l’ont confirmée.

Encore une fois se vérifie cette vérité que les grands dépôts de sel gemme appartiennent surtout à doux terrains entre ceux qui forment la longue série sédimentaire, au miocène et au trias, a ce dernier surtout. La période triasique est le moment des grands mouvemens orogéniques qui ont marqué la fin des temps paléozoïques. Les fonds de mer émergés, puis recouverts, ont donné lieu à un système de lagunes, de mares et de flaques, qui ont couvert le contre de l’Europe et le nord de l’Afrique et qui offraient les conditions les plus favorables à la formation des dépôts salifères.


A. DASTRE.