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d’inscrire au futur budget sud-africain, une partie de l’annuité de l’emprunt de liquidation qui devra être contracté à la fin de la campagne. Quelle sera la nature de cet emprunt ? Sera-t-il créé en rente perpétuelle ou en rente amortissable ? Celle-ci sera-t-elle soumise à des tirages annuels, selon le système français, ou remboursable en bloc à une époque déterminée ? quelle sera cette époque ? Autant de questions qu’il est impossible de résoudre aujourd’hui. Nous ignorons aussi le chiffre auquel seront fixés dans l’avenir les crédits de la guerre et de la marine. Ces diverses raisons font que nous ne saurions encore supputer ce que sera le budget anglais au lendemain de la paix, ni prédire quels impôts seront maintenus ou créés,


IV

Quel aura été, quel est encore l’effet de la guerre sud-africaine sur les marchés financiers du monde et en particulier sur celui de Londres ? Personnelle saurait mettre en doute l’influence considérable d’une crise politique et militaire de cette importance. Cette influence est ici plus profonde et d’un retentissement plus durable encore parce que le pays, théâtre des hostilités, fournissait, dans les dernières années, une partie notable de l’or dont le monde a besoin. Pour nous garder de toute exagération et nous efforcer de dégager les diverses causes qui, en dehors de celle que nous étudions, ont concouru à provoquer la situation actuelle, nous rappellerons que, depuis plusieurs années déjà, l’Europe et l’Amérique étaient lancées dans un mouvement très actif d’affaires industrielles, dont l’effet naturel avait été de renchérir peu à peu le taux de l’argent. En Allemagne, en Belgique, aux Etats-Unis, et, dans une mesure moindre, mais cependant appréciable, en Angleterre et en France, on avait vu les capitaux, de plus en plus demandés, s’engager dans des entreprises nouvelles ou s’offrir à des entreprises déjà, existantes, qui augmentaient leurs moyens de production et étendaient leur sphère d’activité. En même temps, le prix de beaucoup de matières premières montait ; il en résultait une immobilisation de sommes grandissantes. Aussi les taux d’escompte s’étaient-ils graduellement tendus sur les principales places : en même temps, le cours des fonds d’Etat avait suivi une marche inverse ; des emplois fructueux s’offrant de toutes parts aux capitaux en quête de