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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier.


Les vacances du Jour de l’an ont été, cette année, très courtes pour le monde politique : les Chambres se sont réunies le 8 janvier. M. Fallières a été réélu président du Sénat, et M. Paul Deschanel, président de la Chambre : toutefois, si le premier l’a été sans difficultés et sans concurrence, il n’en a pas été de même de l’autre. M. Henri Brisson a posé sa candidature contre M. Deschanel. Battu déjà en 1899 et en 1900, on se demandait pourquoi M. Brisson serait plus heureux en 1901, et par quel sortilège le siècle nouveau lui serait plus favorable que l’ancien. Mais les ministériels, qui avaient pris sa candidature à leur compte, assuraient que, depuis un an, au milieu des nombreux assauts qu’elle avait essuyés et repoussés avec avantage, leur majorité s’était singulièrement fortifiée ; elle était devenue plus nombreuse et plus solide ; on allait bien le voir. On a vu tout le contraire. M. Deschanel a été réélu à quatre-vingts voix de majorité. La bataille, à laquelle, de part et d’autre, on s’était préparé avec beaucoup d’ardeur, a été gagnée par les modérés et perdue par les ministériels. Grande surprise pour ceux-ci. Ils n’avaient pourtant épargné aucune manœuvre, ni même aucune intrigue, pour atteindre leur but.

Si l’on désire plus de renseignemens à ce sujet, nous les donnerons. Les ministériels avaient remarqué que, toutes les fois que la Chambre votait au scrutin public, ils avaient la majorité ; et que toutes les fois qu’elle votait au scrutin secret, ils la perdaient. Dès lors, ils ont conclu qu’il fallait supprimer, en fait, le secret du vote pour l’élection du président. Rien de plus simple : il suffisait de procéder par appel nominal à la tribune, et de donner pour consigne à leurs amis de s’abstenir au premier tour. Les partisans de M. Deschanel, ses partisans avoués et irréductibles, seraient seuls à voter ; les autres, les