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profession, ils appliquèrent à Paris le système qui leur avait réussi au dehors, et le cercle de leurs opérations était assez étendu déjà lorsqu’ils vinrent à fusionner avec les maisons similaires créées dans la capitale, tant par M. Panis, le premier initiateur, que par ses émules MM. La grange et Cerf, qui affermaient déjà un certain nombre de journaux.

Ainsi se constitua, sous le nom de « Société générale des annonces » (1865), un puissant trust de la publicité française, auquel toutes les feuilles politiques de Paris et la plupart de celles de province ont été successivement affiliées à des conditions diverses.

La Société, qui avait continué l’exploitation de l’humble correspondance du début, graduellement amplifiée, métamorphosée dans ses procédés, devenue l’énorme usine à transmission des nouvelles, rayonnant sur l’univers, se cantonna en 1879 dans la publicité pure et vendit, moyennant 7 millions et demi de francs, cette branche de son trafic, avec les traités y afférens et le nom d’« Agence Havas, » à une entreprise distincte. cette dernière distribue les renseignemens télégraphiques, avec plus ou moins de profit, suivant qu’elle règne en maîtresse sur la place ou que des rivalités, comme celle de l’Agence Dalziel, qui disparut après une lutte onéreuse, l’obligent à de lourdes concessions.

De 2 millions de francs il y a trente ans, la « Société des annonces » est aujourd’hui passée à 8 millions d’affaires avec la clientèle parisienne. Ce chiffre permet d’apprécier le mouvement ascensionnel de la publicité ; il est loin de représenter la recette totale des journaux français, même en y joignant environ 4 millions de francs que se partagent quelques agences moins importantes. Le Petit Journal et le Petit Parisien, qui font à eux deux près de 5 millions d’annonces, courtages compris, restent en dehors de ce total ; de même le Figaro, avec 1 800 000 francs de publicité. Les autres quotidiens politiques, au nombre de 87 à Paris, demeurent, il est vrai, fort loin de pareils chiffres et, tout au bas de l’échelle, les moins favorisés d’entre eux récoltent modestement 10 à 12 000 francs par an.

Mais cinq à six grands organes régionaux de la province, Petit Marseillais, Petite Gironde de Bordeaux, Dépêche de Toulouse, Lyon-Républicain, réalisent ensemble une recette de 2 millions et demi ; des villes de second rang, comme Nantes, rapportent à la presse une moyenne annuelle de 300 000 francs et,