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IiI

Publicité « classée » est le nom générique que portent les catégories qui précèdent, divisées, suivant leur emplacement et leur tarif, en annonces, réclames et faits divers. Outre ces éloges, marqués en chiffres connus, d’une marchandise quelconque, existe ce qu’on appelle, en terme de métier, la publicité « non classée ». C’est tantôt un « écho, » une note brève, tantôt un article entier, dans le corps, voire en tête du journal, où celui-ci prend à son compte l’appréciation favorable qu’il émet sur un livre, une découverte, un spectacle, un projet d’édilité, parfois sur un personnage connu ou désireux de l’être. Une actrice de talent, que les louanges normales laissaient inassouvie, consacrait annuellement, pour soigner sa gloire, des sommes fort copieuses à cette renommée artificielle.

Ici l’apologie des personnes ou des choses est naturellement plus discrète ; elle doit se teinter aussi d’une couleur de style, suffisante pour ne point déparer l’harmonie de la rédaction ambiante ; enfin elle n’offre d’intérêt que dans des origines très répandus. La feuille d’un éclat modeste a beau proposer d’adjoindre, moyennant une centaine de francs, au récit d’une fête publique, d’une visite officielle ou de tout autre événement, une glose avantageuse sur un particulier ou sur une usine ; elle a peu de chance d’obtenir cette faible allocation. Ailleurs, au contraire, il est des articles cotés 5 000 francs, quand on les obtient. Encore ne les obtient-on pas toujours. La publicité « non classée », bien qu’administrée avec mesure et bornée à un petit nombre de journaux parisiens, s’élève cependant à près de 4 millions de francs.

A côté d’elle est la publicité dissimulée, celle que font de ; grandes compagnies, des établissemens en vue, des casinos comme celui de Monaco, auxquels il importe de créer ou de maintenir autour d’eux une « atmosphère favorable. » C’est aussi le but de la publicité « financière, » lors même qu’elle est inapparente et ne se manifeste que par le silence et l’absence de bruit.

Cette branche d’industrie eut son apogée durant la période qui précéda le krach mémorable de 1881, lorsque des émissions nombreuses, puisant dans ce réservoir de capitaux qu’est la