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à huile ou à pétrole, sont dus à des flammes. Dans les appareils à incandescence, au contraire, ce n’est plus un gaz en combustion qui éclaire, ce n’est plus une flamme, c’est un corps solide.

Le premier appareil de ce genre a été imaginé, en 1820, par sir William Drummond. La lumière était produite par un bâton de chaux que l’on portait à l’incandescence en dirigeant sur lui la flamme, très pâle, mais très chaude, de l’hydrogène brûlant dans l’oxygène. Il y a peu de personnes qui ne connaissent la « lumière Drummond ou lumière oxhydrique » pour l’avoir vue servira des projections scientifiques ou amusantes. Par son intensité, elle occupe le troisième rang après la lumière solaire et celle de l’arc électrique.

A l’origine, l’hydrogène et l’oxygène étaient mélangés d’avance dans un réservoir à parois résistantes. Mais ce mélange est susceptible de détoner avec une extrême violence ; et, il se produisit plusieurs fois des explosions très dangereuses. On a obvié à cet inconvénient en amenant les gaz par des conduits séparés et indépendant, de manière qu’ils ne se mélangent que dans la flamme même. Au lieu d’hydrogène, on emploie d’ordinaire le gaz d’éclairage ; et, lorsque celui-ci fait défaut, on peut le remplacer, comme cela a lieu dans l’appareil oxyéthérique de Molteni, par un courant d’oxygène qui se charge, dans un barboteur, de vapeurs d’éther. Mais le maniement de l’éther n’offre pas de moindres dangers que celui des gaz détonans. La catastrophe du Bazar de la Charité, le 4 mai 1897, en a fourni une preuve à jamais lamentable.

On a essayé, à diverses reprises, d’appliquer à l’éclairage public la lumière Drummond. L’épreuve en fut tentée à Paris, en 1834, par M. Galy-Cazalat ; elle fut répétée au Bois de Boulogne en 1858 et à Londres en 1860. Une amélioration légère fut apportée au système, par la substitution au bâton de chaux d’un crayon de magnésie qui donne à la lumière plus d’intensité et de fixité (Parker, 1865).

L’écueil de ces expériences et la raison qui les empêcha de réussir, — au point de vue économique, — c’était la complication des appareils, la nécessité d’une double canalisation et le prix élevé du second gaz, l’oxygène, employé concurremment avec le gaz d’éclairage. Lors de l’Exposition universelle de 1867, MM. Tessié du Molay et Maréchal firent connaître un procédé industriel de préparation de l’oxygène qui devait en abaisser considérablement le prix. Un premier essai eut lieu, pendant deux mois de l’hiver de 1868, sur la place de l’Hôtel-de-Ville ; et, un deuxième, en 1869, dans la cour des Tuileries. Succès scientifique, échec économique ; tel en fut le résultat.