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une pièce spécialement ; réservée. Un service religieux à l’intention des membres du Congrès fut célébré à l’abbaye de Westminster, et des sermons sur la mission de la femme chrétienne attirèrent la foule dans plusieurs églises. Tout ceci révèle de certaines tendances qui, ailleurs, ne paraissent pas toujours être celles des femmes attelées au char des réformes et du progrès.

Avant d’appuyer sur ces oppositions, je pense qu’il serait opportun d’indiquer sommairement l’état actuel du féminisme en général. On me permettra de suivre aussi exactement que possible l’ordre des divisions adoptées par les éditeurs des rapports qui nous montrent la femme dans la vie industrielle, dans l’éducation, dans la vie politique et dans l’action sociale : ce dernier aspect est peut-être le plus intéressant. En voici le résumé rapide.


I. — L’ACTION SOCIALE

La discussion commença sur l’œuvre des prisons. La duchesse de Bedford, qui présidait, rendit dommage aux efforts de l’admirable surintendante de Sherborne, dont les lecteurs de la Revue ont eu dès longtemps connaissance[1]. Elle-même, la duchesse de Bedford, et sa collègue lady Battersea, appartiennent au comité officiel des visiteuses d’une grande prison de femmes. Ces visites paraissent être un moyen puissant de mobilisation ; c’est aussi pour les libérées le plus sûr moyen de trouver du travail. Beaucoup d’entre elles, leurs nobles patronnes l’affirment, ont répondu à une protection méritée par la persévérance dans le relèvement. De pareils succès donnent raison aux tentatives qui se poursuivent à l’égard des pensionnaires d’Elmira (États-Unis), une prison d’hommes où les malfaiteurs, considérés comme des malades qu’il faut guérir, sont traités en conséquence. La durée de la peine n’est pas fixe, nul ne pouvant savoir combien de temps prendra la cure, en admettant que la maladie soit curable. Peu à peu, à mesure qu’une amélioration se produit, le coupable régénéré jouit d’un degré de plus de liberté, jusqu’à ce qu’il rentre dans la société sous une surveillance qui ne cesse qu’à la longue.

Sherborne est l’Elmira des femmes, avec le même système

  1. Voir la Condition des Femmes aux États-Unis, Revue du 1er décembre 1894.