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REVUE LITTÉRAIRE

LE DRAME ESPAGNOL
ET
NOTRE THÉATRE CLASSIQUE

Une littérature ne se suffit pas à elle-même : il lui est bien impossible de s’isoler du mouvement général des esprits et de se tenir en dehors des conditions de l’histoire ; elle ne saurait d’ailleurs, sans s’épuiser, vivre toujours et uniquement sur son propre fonds : il faut donc ‘qu’elle emprunte à l’étranger des élémens qui lui serviront à se renouveler, et dont, à la condition de se les assimiler, elle tirera un large profit. Cela est vrai de toutes les littératures, mais surtout de la littérature française, aucune autre n’ayant été ni plus accueillante aux œuvres étrangères, ni plus habile à ménager, jusque dans ses emprunts, les droits de son originalité. C’est donc une nécessité, pour qui veut retracer la suite de son développement, de tenir un grand compte des influences qui, venues du dehors, en ont, à plusieurs reprises, modifié le cours. Une histoire de la littérature française, pour être seulement intelligible, a comme support indispensable l’histoire des littératures étrangères, présentées dans leurs rapports avec la nôtre. On l’a maintes fois répété dans cette Revue, où l’on ne cesse de réclamer et de provoquer des études de ce genre. C’est bien pourquoi nous nous empressons de signaler l’excellent travail que M. Martinenche vient de consacrer à l’histoire de la Comedia espagnole en France[1]. Comment se distinguent l’une de l’autre les influences

  1. E. Martinenche, la Comedia espagnole en France, 1 vol. in-12, Hachette. Cf. Morel Fatio, la comedia espagnole du XVIIe siècle, 1 vol., Vieweg ; Etudes sur l’Espagne. 2 vol., Bouillon. — Brunetière, Études critiques t. III et IV, Hachette.