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périls auxquels les hommes s’exposent pour l’amour de l’or sont bravés par les femmes pour l’amour du devoir.

Un véritable esprit de charité peut aussi élever singulièrement le rôle que joue, dans les grands centres manufacturiers d’Angleterre, du Canada, des États-Unis, l’inspectrice du travail. En Hollande, elle n’est encore qu’inspectrice adjointe ; on espère lui voir bientôt prendre la place de l’homme dans toutes les fabriques où sont employées des femmes. Mais il faut, pour bien exercer ces fonctions, être au courant des lois sur le travail en son propre pays, connaître les principales stipulations de ces lois à l’étranger, posséder les notions voulues d’hygiène, être pratiquement renseignée sur le mouvement des machines et des outils dans les diverses branches de l’industrie. Les sept inspectrices de fabriques déjà nommées en Angleterre, se transportent partout où il y a une enquête à faire sur le travail des femmes. Elles complètent le corps si utile des inspectrices de la salubrité publique, dont le nombre augmente toujours à Londres et dans les autres grandes villes. On sait quelles sont en France les attributions des inspectrices des écoles, des asiles, etc. Les différences du traitement, qui varie de quatre cents livres sterling par an à une livre par semaine, sont particulières à la Grande-Bretagne, où cette question relève tantôt de l’État, tantôt ; des autorités locales.

Une carrière qui n’atteint tout son développement qu’en Amérique est celle de bibliothécaire : elle n’est pas exclusivement féminine, mais le grand nombre des élèves de quatre écoles préparatoires, existantes aujourd’hui, se recrute parmi les femmes. L’explication en est simple : les hommes de même condition sont appelés de préférence par la vie industrielle.

Chaque année une centaine de diplômées sortent de ces écoles et sont aussitôt placées, car il n’y a guère de localité, si petite qu’elle soit, qui n’ait sa bibliothèque publique ; libre. Le mot de Carlyle a fait fortune : « Les bibliothèques sont les universités du peuple. » Leur effet sur le progrès intellectuel de la nation est reconnu. L’école, l’asile, le settlement, la prison, etc., ont pour annexe une bibliothèque ; des bibliothèques circulantes, représentées par de gros paquets de livres soigneusement choisis, sont expédiées jusqu’aux plus lointains défrichemens. La jeunesse, l’enfance elle-même, reçoivent leur