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le clergé, le pasteur, pourvu qu’ils respectent la Reine, la constitution, la hiérarchie. — Il est très vrai que ceux-là mêmes qui n’ont d’autre religion que la religion de l’humanité sont encore respectueux dans leur agnosticisme, qui n’est pas une négation, bien moins une attaque aux croyances d’autrui. Voilà pourquoi nous souhaiterions que nos divers congrès de femmes envoyassent le plus de déléguées possible au prochain congrès international. Elles y acquerraient peut-être, par le contact et l’exemple des étrangères, les qualités essentielles dont on manque chez nous dans toutes les assemblées où se glisse la politique, — ces assemblées fussent-elles masculines.

La femme glorifiée de l’avenir nous apparaît sous les traits de la comtesse d’Aberdeen, présidant la grande réunion publique de l’arbitrage international dans un vaisseau immense, étincelant de lumières et paré de fleurs, au milieu des principales déléguées du Conseil et de tout ce que les amis de la paix comptent de plus éminent parmi les membres de la Chambre des communes et du clergé. Les chœurs religieux de Hændel et de Mendelssohn alternent avec un admirable discours de l’archevêque Ireland ; avec la lecture d’une éloquente adhésion envoyée au nom de l’Eglise catholique par l’archevêque de Westminster, le primat d’Irlande et le cardinal Gibbons, archevêque de Baltimore ; avec un message de la baronne de Suttner, celle avocate inspirée de la paix universelle ; avec un discours de Mrs May Wright Sewall, qui signale la protestation faite au président Mac Kinley par les femmes d’Amérique contre la guerre de Cuba, l’envoi d’une lettre de gratitude au tsar signée par 75 000 citoyennes des Etats-Unis, et enfin la sympathie exprimée à la Conférence de la Haye par 175 000 femmes du même pays. L’Amérique n’est pas seule à prendre la parole : l’Allemagne, la Norvège, la Hollande, ont chargé de leurs vœux Mmes Seleuka, Krog et de Waszkiewitz von Schilfgaarde ; des Italiennes de tout rang ont envoyé leurs « résolutions ; » Mme Cheliga se fait l’interprète des 600 000 membres de la Ligue des femmes pour le désarmement international, dont le centre est à Paris.

Et des lettres sont lues, chaleureuses, innombrables, et la musique des anges s’en mêle. Une jeune cantatrice canadienne chante à ravir le Jour sans Fin, la vision d’une cité céleste où le mal sera vaincu.