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fait qu’elle était devenue le chef-lieu du nouveau département.

Laon comptait, au XVIIIe siècle, moins de 10 000 habitans. Elle vivait du revenu des terres voisines, de ses vignes, qui, sur la montagne et les environs pouvaient produire jusqu’à 80 000 pièces de vin, de ses légumes et de ses artichauts, qu’elle envoyait à Paris, et de quelque menue fabrique de toiles, de baracans, de bas et de chapeaux dont elle alimentait la région. On ne citait guère d’un peu importante qu’une manufacture de clous située dans la partie basse de la ville. Il se faisait, en outre, à cette époque, une assez grande concentration de blés pour le commerce intérieur : mais l’activité de la région, surtout à ce point de vue, se dirigeait vers Soissons, qui, par la batellerie de l’Aisne et l’Oise, envoyait rapidement ses approvisionnemens à Paris.

Vers le milieu du présent siècle, malgré l’avantage que lui assurait la préfecture, Laon restait au même point. La population était, en 1840, de 8 500 habitans. Elle fabriquait toujours des clous et des chapeaux. Elle produisait toujours du vin, des légumes et des artichauts. C’était une ville gaie, agréable et saine, mais d’une désespérante médiocrité. En cent ans, elle n’avait pas bougé.

Depuis 1840, deux grands faits se sont produits dans l’ordre commercial et industriel : rétablissement des voies ferrées et le développement local de la fabrication du sucre de betteraves. Laon marque, dès lors, un certain progrès. Sa gare arrache à Soissons une bonne partie du commerce des céréales ; elle centralise le commerce du sucre et devient, de ce chef, un marché important : sa ville basse prend quelque activité, sa colline se peuple de jolies villas, et la ceinture de ‘ses faubourgs inférieurs se développe et s’anime.

Un élan, bien modeste encore et bien court, paraît se manifester. L’application de la traction électrique permet de résoudre le problème qui, de toute antiquité, a relégué Laon au nombre des villes inabordables. Depuis 1898, une « ficelle » dessert le plateau : on fait en quelques minutes l’ascension de la colline. Mais, dans l’intervalle, un grand malheur a frappé la ville : elle a perdu, ou peu s’en faut, son vignoble, atteint par la concurrence des vins du Midi et par la facilité des transports, plus encore que par les maladies de la vigne. Aujourd’hui, sa population est de 12 à 13 000 habitans.

Tels sont donc les résultats obtenus en un siècle, par une ville