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DEUX HOMMES DE LA REVOLUTION


Fouché, 1759-1820, par M. Louis Madelin. — 2 volumes in-8o, Paris, 1901, Plon. — Mémoires du général d’Andigné, 1765-1857, avec introduction et notes par Ed. Biré. — 1 vol. in-8o, Paris, 1900-1901, Plon.


L’enquête sur la Révolution se poursuit. Il n’apparaît point que l’ardeur des travailleurs soit près de se refroidir, ni l’intérêt du public pour l’objet de leurs recherches. Ce sont tantôt les morts qui déposent, et l’exhumation de leurs Souvenirs, de leurs Mémoires inédits ne lasse pas notre curiosité ; tantôt les vivans qui interrogent et jugent ces plaideurs d’outre-tombe. Un premier résultat est acquis : je le crois de grande conséquence. La vivacité des sentimens politiques a longtemps maintenu une séparation arbitraire entre la Révolution et l’Empire : cette cloison artificielle ne tient plus devant l’accumulation des biographies : on en a vu la fragilité, lorsqu’il a fallu suivre tant de personnages dans l’unité de leur vie et la logique interne de leur carrière. Je ne sais si l’on professe encore dans quelque jacobinière, — ou dans quelque chapelle napoléonienne, — l’erreur qui faisait du 18 brumaire la fin d’une époque historique et le commencement d’une autre : mais aujourd’hui, pour tout historien réfléchi, la Révolution forme vraiment un « bloc, » une période continue et indivisible de 1789 à 1815.

On trouvera une nouvelle confirmation de cette vue dans deux ouvrages récens : le Fouché de M. Louis Madelin et les Mémoires du général d’Andigné. Par une coïncidence fortuite, ces publications évoquent au même moment deux figures très dissemblables et singulièrement représentatives de l’époque révolutionnaire ; il semble que le ministre de la police et le