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SOUVENIRS D’UN DIPLOMATE

LE BLOCUS D’ATHÈNES
EN 1886

La crise orientale de 1885-1886, dont le point de départ a été la révolution bulgare, et qui, par l’enchaînement des circonstances, a eu pour conclusion le blocus de la Grèce par l’escadre combinée des grandes Puissances, hormis la France, est, à divers points de vue, l’un des incidens considérables de l’histoire diplomatique contemporaine. Elle a développé d’abord les conséquences de la situation nouvelle faite aux États balkaniques après un siècle de luttes et de négociations engagées autour de ce fameux principe de « l’intégrité de l’Empire ottoman » qui ressemble à un vieux tableau défiguré par des retouches successives. Elle a fait voir ensuite que, dans les affaires du Levant, les Cours européennes, sans règle fixe, s’inspirent uniquement des intérêts et convenances du moment et cherchent plutôt à éluder les difficultés qu’à les résoudre. Dans un ordre d’idées plus général, elle a été un signe des temps troublés où nous sommes, une des nombreuses manifestations de la politique incertaine et flottante que le conflit des principes anciens et modernes suggère aux différens Cabinets : on y retrouve en effet l’action confuse de théories contradictoires, du droit conventionnel, et du droit des nationalités, et aussi du droit de la force. De là, des complaisances et des rigueurs également étranges où se révèlent les tendances indéterminées d’une époque transitoire. Enfin le dénouement n’a donné aucun résultat utile, et n’a servi