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non pas d’après ce qu’elle dit être aujourd’hui, mais d’après ce qu’elle passe pour avoir été longtemps en France, pour être encore dans certains pays étrangers ? On continuera à voir en elle une association toujours portée, par ses traditions comme par la forme même de son organisation, à s’occuper surtout de questions politiques, de questions religieuses ; à y porter, en dépit de ses chefs officiels impuissans à la maintenir, des tendances inquiétantes, des formes mystérieuses qui justifient toutes les appréhensions ? N’est-il pas à craindre, surtout dans les circonstances présentes, qu’il ne résulte de ces préoccupations des inconvéniens hors de proportion avec l’intérêt que l’on nous dit vouloir satisfaire, avec le désir de conférer au Grand Orient, gêné par un embarras financier momentané, la capacité civile nécessaire pour contracter un emprunt auprès du Crédit Foncier, et pour donner à cet emprunt la garantie d’une hypothèque ?

« Ainsi, Messieurs, caractère mystérieux de l’Association, absence de garanties nouvelles apportées au gouvernement par la mesure proposée, danger de froisser inutilement et inopportunément certaines susceptibilités du pays, telles étaient les considérations principales qui ont fait penser au rapporteur que, tout en continuant à accorder à la Franc-Maçonnerie la plus entière liberté, il serait plus sage, plus conforme à l’intérêt du gouvernement impérial de ne pas intervenir dans ses affaires ; de ne pas prendre à son égard, vis-à-vis du public, la responsabilité d’une investiture officielle ; de la laisser durer tranquillement, si elle a encore une raison d’être ; de la laisser s’éteindre seule, si elle ne répond plus à aucun besoin de notre époque ; de la laisser se transformer d’elle-même, si elle le préfère, en une société qui aura exclusivement pour objet la bienfaisance, et qui s’organisera peu à peu dans une forme analogue à celle de toutes les sociétés que vous avez l’habitude de reconnaître quand elles ont fait leurs preuves.

« La section, Messieurs, ne s’est pas arrêtée à ces objections, dont aucune ne lui a paru reposer sur un fondement solide.

« La pensée qui m’a semblé dominer dans son esprit, c’est que la présence à la tête de la Franc-Maçonnerie d’un Grand Maître nommé par l’Empereur répondait de l’Association entière et constituait la plus complète des garanties.

« La Franc-Maçonnerie ne peut plus être considérée comme un danger. Elle n’est plus ce qu’elle était autrefois ; son ancien