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LA NAVIGATION AÉRIENNE ET SON AVENIR.

en ballon d’un point à un autre, la manœuvre se réduisant, en fin de compte, à monter ou à descendre. Mais quand verra-t-on luire ce jour ?

En attendant, force est donc de se rabattre, pour la solution du problème de la navigation aérienne, sur des ballons dirigeables, munis d’un propulseur capable de leur imprimer une vitesse qui leur permette de marcher contre le vent.

Meusnier et Brisson en 1784, Giffard en 1832, Dupuy de Lôme en 1871, Renard et Krebs en 1884, se sont attachés à résoudre rationnellement cette question. S’ils n’y sont pas arrivés, leurs travaux ont au moins permis d’établir un certain nombre de principes, trop souvent oubliés, dont nous allons rappeler ici les plus importans.

Tout d’abord, si l’on veut pouvoir donner à l’aérostat une direction complète dans tous les sens, il est absolument nécessaire de lui adjoindre un propulseur et un moteur capables de lui donner une vitesse propre toujours supérieure à celle du vent.

Le propulseur tout indiqué est l’hélice, qui, en somme, remplace dans l’air l’aile battante de l’oiseau comme elle remplace dans l’eau la nageoire du poisson. Seulement, vu l’extrême mobilité du milieu dans lequel elle doit mordre, il faut donner à cette hélice des dimensions beaucoup plus grandes que celles qui suffisent lorsqu’elle doit mordre dans l’eau ; puis, comme la résistance de l’air à une surface en mouvement croît proportionnellement au carré de la vitesse, il est nécessaire de lui imprimer un mouvement de rotation très rapide, 60 tours au moins à la minute. Mais alors on se trouve dans l’obligation absolue de développer, dans cette unité du temps, sur l’arbre de l’hélice, un nombre suffisant de chevaux, et, comme un ballon gonflé à l’hydrogène le plus pur que produisent les appareils actuels enlève au plus 1 kilogramme par mètre cube de gaz, il devient indispensable d’obtenir le cheval à un poids bien moindre que dans les moteurs ordinaires. La condition qui domine la solution du problème des dirigeables se réduit donc à l’obtention d’un moteur à la fois puissant et léger.

Mais il est de toute évidence que pour faciliter la solution de ce nouveau problème, il faut réduire à leur minimum toutes les résistances à l’avancement. Aussi est-on d’accord, aujourd’hui, pour donner au ballon d’un dirigeable la forme d’un fuseau plus