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1864, parut un manifeste, dû à Nadar, qui fit époque dans l’histoire de l’Aéronautique.

Nadar soutint, assertion paradoxale à première vue, que « ce qui a tué la direction des ballons, depuis bientôt un siècle qu’on la cherche, ce sont les ballons. » Jetant par-dessus bord la vessie flottante de Charles, comme il l’appelait dédaigneusement, le célèbre photographe faisait remarquer que la Nature, qui a créé l’oiseau, ne s’est jamais avisée de rien faire qui ressemble à un aérostat. Il oubliait la vessie natatoire de certains poissons.

Du coup, l’opinion publique fut remuée, un mouvement d’idées créé et, bientôt, affluèrent une multitude d’études sur la résistance de l’air, les différentes sortes de volateurs et le vol des oiseaux.

Tout d’abord, Nadar ayant imprudemment posé en principe que l’hélice seule, la sainte hélice, comme il l’appelait, pouvait résoudre le problème, on essaya des hélicoptères. On ne tarda pas à reconnaître que, faute d’un moteur à la fois puissant et léger, ces appareils ne pouvaient être que des jouets, comme ceux qu’on vend actuellement dans les bazars. Les orthoptères ne réussirent pas mieux. Force fut donc de revenir aux aéroplanes, les seuls appareils sur lesquels se concentrent, actuellement, les efforts des chercheurs sérieux.

Qu’est-ce, en somme, qu’un aéroplane ?

Pour s’en faire une idée simple et exacte, il suffit d’imaginer un carreau animé dans l’air, grâce à un moteur quelconque, d’une vitesse horizontale et constante, de supposer que ce carreau fait avec l’horizontale un angle d’attaque toujours le même et qu’il est relié à une nacelle qu’il doit soutenir et, en même temps, faire propulser.

Il est facile de voir, d’après ce que nous avons dit plus haut, que la force, normale au carreau et dirigée de bas en haut, engendrée par la résistance de l’air au mouvement, peut toujours se décomposer en deux : l’une, verticale, qui soutient l’aéroplane et qu’on appelle, pour cela, composante de soulèvement ; l’autre, horizontale, qui tend à s’opposer au mouvement imprimé par le moteur. Quel que soit le poids de l’aéroplane, on conçoit qu’il est toujours possible, puisque la résistance augmente proportionnellement au carré de la vitesse, de donner à la composante de soulèvement une valeur capable d’équilibrer ce poids : il suffit d’obtenir du moteur une vitesse de propulsion suffisante,