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L’avion doit donc forcément offrir une ressemblance générale avec le corps d’un oiseau aux ailes déployées. La copie n’est pas servile, en ce sens que les ailes de cet aéroplane ne sont point composées de plumes artificielles, formées elles-mêmes de barbes, mais, en revanche, elles reproduisent les ailes de l’oiseau, surtout par la répartition des résistances. Leurs charpentes, faites de fibres de bambous encollées, sont creuses, ce qui les rend très rigides et très légères ; des tirans en fil d’acier, véritables tendons, les maintiennent en position ; les membranes servant de points d’appui dans l’air sont en soie. Articulées, d’ailleurs, en toutes leurs parties, ces ailes peuvent se replier complètement, soit pour les besoins de la manœuvre, soit pour permettre de donner à l’appareil, au repos, le plus petit volume possible. Enfin, elles sont mobiles à l’épaule, de l’avant à l’arrière, ce qui permet de déplacer à volonté le centre de gravité de l’avion.

Deux hélices propulsives, à quatre branches, sont placées à l’avant de l’appareil. Indépendantes l’une de l’autre et tournant en sens inverse presque dans le même plan, elles sont construites avec de la fibre de bambou, ce qui les rend à la fois légères et rigides, et, comme chacune d’elles est actionnée par un moteur particulier, on peut ralentir l’une ou l’autre à volonté, de sorte qu’elles concourent à la direction, de concert avec un gouvernail indépendant, situé à l’arrière. C’est le pilote qui, caché derrière un coupe-vent, manœuvre le gouvernail, au moyen de pédales. Trois ou quatre boulons ou manettes, placés à portée de la main, suffisent à toutes les autres manœuvres.

Comme Maxim, Ader a préféré les moteurs à vapeur à tous les autres. Chacun des deux moteurs de l’avion est à quatre cylindres et à double expansion. Le générateur étant tubulaire, la vaporisation de l’eau est presque instantanée, et, comme toutes les issues sont fermées à la vapeur, la pression monte d’une atmosphère par seconde. Un condenseur à air, comme celui de Maxim, placé au sommet de l’avion, permet de récupérer la totalité de l’eau, sans perte aucune.

Chaque moteur fournit une force de 20 chevaux. Toutes les pièces ont été taillées dans des blocs d’acier forgé, et, comme tout ce qui était susceptible d’être évidé l’a été, le poids total du générateur, de la machine et du condenseur n’est, d’après Ader, que d’environ 3 kilogrammes par cheval. Quant au poids total