Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 2.djvu/438

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les différentes manœuvres du vol plané et les avoir réussies, adaptons à cet appareil un moteur suffisant pour essayer de pratiquer le vol à la voile.

Au fond, cela revient à se préoccuper d’abord de la partie statique du problème, la solution dynamique ne faisant aucun doute, et quant à combattre cette façon de procéder en alléguant la médiocrité de nos connaissances sur la Mécanique des gaz, on peut faire observer que l’homme a nagé avant de connaître la Mécanique des liquides et de construire des bateaux lui permettant de traverser l’Océan avec toutes les conditions de stabilité, de sécurité et de vitesse désirables.

C’est un savant allemand, Otto Lilienthal, qui a eu le premier l’honneur d’expérimenter sérieusement cette méthode.

Conformément à ce que nous venons d’exposer, les expériences de ce nouvel émule de Dédale étaient simplement destinées à apprendre à l’homme la pratique du vol plané, c’est-à-dire du genre de vol dans lequel l’oiseau, après avoir éteint ses battemens d’une façon progressive et complète, se laisse glisser sur l’air, les ailes, immobiles et largement étendues, formant un parachute incliné sur la direction du vent qui, par sa pression, suffit à les soutenir.

L’appareil sustentateur employé, construit en toile, avec une ossature en acier, avait à peu près, comme l’avion d’Ader, la forme d’une chauve-souris. Les ailes, d’une envergure de 7 mètres et d’une largeur de 2m,50, étaient constituées par deux surfaces courbes, dont la concavité regardait le sol et était calculée de façon à augmenter dans le rapport de 3 à 7 la sustentation qu’auraient donnée des surfaces entièrement planes. Pouvant s’abaisser ou se relever à volonté, sans pour cela être battantes, ces ailes se raccordaient du milieu jusqu’à l’arrière ; mais, à l’avant, elles étaient séparées par une large échancrure où se plaçait l’aviateur, qui s’appuyait par les bras dans des gouttières garnies, tandis que ses mains tenaient solidement une barre transversale. Une queue était adaptée à l’appareil ; elle était formée de deux gouvernails : l’un vertical, de forme ovale, servait à prendre le vent et à faire virer la machine quand il changeait ; l’autre, horizontal, utile surtout pour l’atterrissage, empêchait l’appareil de plonger en avant. Tout l’ensemble pesait 20 kilogrammes ; mais, avec le poids de l’aviateur, le poids total à porter s’élevait à 100 kilogrammes environ pour une surface