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pas de même quand celui-ci, soufflant latéralement, tend à faire chavirer l’appareil. L’expérience montre qu’alors aucun dispositif mécanique n’est nécessaire pour redresser le planeur : il suffit de projeter brusquement les pieds du côté soulevé, mouvement qui est juste l’opposé de celui qu’on ferait instinctivement sur terre, mais qui, avec un peu d’exercice, devient une seconde nature. Seulement, il faut agir rapidement, le vent, pas plus que la pesanteur, ne permettant de longues réflexions.

En cherchant avant tout à assurer la stabilité et la sécurité des appareils planeurs, avant de songer à leur appliquer un moteur, nul doute, pense Chanute, qu’on n’arrive d’ici peu à pouvoir effectuer dans l’air des trajets d’au moins 1 500 mètres. Ce serait déjà un beau résultat, et qui nous dit, d’ailleurs, que, d’ici quelques années, ce genre d’expériences, au lieu de ne constituer qu’un simple sport, ne finira pas par nous donner la solution complète du grand problème de l’aviation ?


III

Si nous jetons maintenant un coup d’œil d’ensemble sur le chemin parcouru par l’Aéronautique, depuis ses origines jusqu’à nos jours, nous constaterons que, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les efforts des chercheurs, dans le domaine du plus lourd comme dans celui du plus léger que l’air, furent infructueux. Mais ne serait-il pas injuste de ne pas reconnaître que ces efforts contribuèrent à créer un ordre spécial de préoccupations auxquelles nous sommes certainement redevables de la découverte des Montgolfier ? Dans le profond saisissement causé par l’expérience d’Annonay et les voyages audacieux de Pilâtre de Rozier et Charles, tout le monde crut le problème de la navigation aérienne résolu ou sur le point de l’être. Le XIXe siècle s’est tout entier écoulé, et la solution reste encore à trouver. Aucune découverte sensationnelle de nature à frapper fortement l’imagination n’a surgi pendant cette longue période. Mais, sérieusement, faut-il compter pour rien cette somme importante de perfectionnemens et de progrès réalisés dont nous avons essayé, dans ces quelques pages, de donner une idée aussi exacte que possible ?

Les fondateurs de l’Aéro-Club de France ne l’ont pas pensé. Les membres de ce club n’ont pas la prétention de faire œuvre de science ; ils jugent qu’ils n’ont pas à se prononcer sur les mé-