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Et c’est ici, dans ces ateliers nouveaux, que les drames les plus poignans de la science moderne se déroulent sous nos yeux. L’homme manie, maintenant, des outils redoutables qui lui permettent d’enfoncer sa volonté, comme un coin, dans les dernières retraites de la nature.

Par l’électrochimie et par l’électrométallurgie, tantôt il décompose les phénomènes qui se sont produits à la surface de la nébuleuse primitive et il dissout les minerais qui ont capté l’énergie errante à la surface des choses dans les temps très anciens, tantôt, au contraire, il reproduit ces phénomènes. Il accumule les énergies électriques et les emmagasine dans les détonans, comme le chlorate de potasse qui emprunte à la force des hautes chutes l’étincelle qui fera exploser la pointe d’une allumette.

Pour obtenir le carbure de calcium, matière première de l’acétylène, l’électrolyse recourt à des températures qui atteignent 3 500 et 4 000 degrés. La galette de carbure de calcium obtenue par la combinaison de la chaux et du charbon à cette température, quand elle est arrachée du four par les griffes d’acier qui fondent en In touchant, luit et éclaire, en plein jour, comme un soleil.

Je ne puis me lasser de contempler celle extraordinaire rencontre des faits antiques et de la science moderne. La vie est ressaisie à ses origines. Les phénomènes atmosphériques, dus à la chaleur solaire, prolongent, en quelque sorte, la création à la surface de la terre : ils l’enveloppent d’une ceinture d’énergie qui s’écoule sans cesse sur elle. Les pentes de la montagne sont les gradins par où cette force glisse des sommets dans les plaines. Mais l’homme intervient. Fils du soleil, il a emmagasiné dans son cerveau, par les lentes ascensions de l’être animé se perfectionnant lui-même, des énergies vitales extrêmement puissantes Son intelligence s’empare des données naturelles et les modifie. Il supprime la pente, précipite l’énergie, la capte et l’emploie. Ainsi, il devient l’agent d’une création nouvelle. Il rompt la trame du destin et il accroît le champ des forces naturelles, en les asservissant.

L’aluminium est obtenu par l’électrolyse à une température de sept à huit cents degrés. Parmi ces industries diverses et si pleines d’avenir, c’est sur celle-ci que paraît compter, surtout, l’imagination hardie de M. Bergès : « La houille noire, dit-il,