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REGARDS FRANÇAIS
SUR L’ANGLETERRE


Emile Boutmy : Essai d’une psychologie du peuple anglais au XIXe siècle, 1 vol. in-18. A. Colin, 1901. — Victor Bérard : l’Angleterre et l’Impérialisme, ibid., 1 vol. in-18, 1900. — André Chevrillon : Études anglaises, 1 vol. in-8o. Hachette, 1901[1].


Regardons. Entre la nuit d’où il sort et la nuit où il va rentrer, un court moment est donné à l’homme pour contempler le spectacle du monde. S’il savait se tenir tranquille, comme un spectateur au parterre, s’il se contentait de regarder l’émouvante vision, l’intérêt en est si puissant que le seul plaisir de voir et de penser nous ferait presque un bonheur sortable. Regardons l’Angleterre. Parmi les personnages du drame universel, elle est aujourd’hui l’un des plus considérables, l’un des plus significatifs. Ses actions consternent parfois les sentimens de justice et de pitié innés dans tous les cœurs ; elles exaltent d’autre part l’orgueil du titre humain que nous portons. — C’est contradictoire, dites-vous. Cherchez dans les retraites de votre âme la place où elle ne se débat point entre des contradictions.

L’effort vital est prodigieux dans la race anglo-saxonne ; on peut juger diversement, on ne peut nier ce fait d’évidence : nul peuple n’a porté plus haut et plus loin le standard of life, comme ils disent. Depuis l’heure où le premier homme osa sa première injustice et son premier exploit, l’immolation d’un de ces animaux qui avaient reçu comme lui la vie, la liberté, le

  1. Ce dernier ouvrage paraîtra prochainement. L’éditeur a bien voulu nous en communiquer les épreuves.