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Compagnie du Mozambique et la tête de ligne du chemin de fer de pénétration ; elle ne comptait alors qu’environ 700 habitans dont 200 Européens, elle en a maintenant près de 6000, dont près de 2 000 Européens. Une véritable ville s’élève, au milieu des marais que l’on travaille à dessécher, avec des quais, des appontemens en fer[1], un phare et un bon port accessible aux grands navires et où toutes les grandes compagnies de navigation font faire escale à leurs bateaux. Comme Lourenço-Marquès et pour des raisons analogues, Beïra est une ville cosmopolite où les Européens, Anglais, Portugais, Français, Allemands, Hollandais, Grecs, coudoient des Indous, des nègres de toutes les tribus de l’Afrique du sud et jusqu’à des Chinois. L’empire britannique y fait environ les deux tiers du commerce total, mais il est curieux de constater que les importations directes des Indes tendent à supplanter les importations d’Angleterre ; de même le rapport du consul anglais pour 1897 signale la croissance des importations françaises. Les bateaux de nos lignes de navigation, Messageries maritimes et Chargeurs réunis, attirés dans ces parages par notre colonie de Madagascar, font escale à Beïra et y assurent à notre commerce un rang honorable[2] ; après les Anglais et les Portugais, ce sont les Français qui sont les plus nombreux. Nul doute que, dans un prochain avenir, les échanges entre notre grande de africaine et la côte qui lui fait face, dont Beïra est le principal port, ne deviennent importans, et qu’à travers l’océan Indien il ne s’établisse, entre les États riverains de nouveaux courans d’échanges. Ce jour-là, Beïra, porte d’entrée et de sortie de toute la région du Zambèze[3], deviendra sans doute l’un des ports les plus animés des mers australes.

Lourenço-Marquès, Beïra et les chemins de fer qui s’y terminent, vont chercher hors des possessions portugaises les élémens d’une prospérité qui n’enrichit que fort peu la métropole européenne ; mais le mouvement commercial a provoqué l’essor de la colonisation agricole ; les efforts du gouvernement de

  1. Ces travaux ont été entrepris par la Compagnie française du Sud-Est africain.
  2. 133 039 tonnes, sur un total de 434 684 (en 1898) sont entrées ou sorties sous pavillon français.
  3. Un chemin de fer joignant Beïra à Sena sur le Zambèze, non loin de son confluent avec le Chiré, est en projet. — Le transit de la ligne de Beïra à Uintali a été de 41 835 tonnes en 1899 contre 35 523 en 1898 (Annual Series, n° 2218 et 2427).